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Indes réunionnaises
    

     LES ADIVASIS SONT À L'HONNEUR AU MUSÉE DU QUAI BRANLY

    Dêva KOUMARANE


   Les mots me manquent pour décrire le bonheur que j’éprouve, à chaque fois, en regardant dans le métro ou ailleurs, la très belle affiche sur l’exposition auréolée de ces mots : Autres Maîtres de l’Inde.
     Les Adivasis sont les autochtones, les aborigènes de l’Inde.
     Dans la capitale du pays de la devise républicaine : Liberté, Egalité, Fraternité, dans ce Musée où dialoguent les cultures, ces premiers habitants du sous-continent indien sont devenus, à juste titre « Autres Maîtres de l’Inde ».
     L’un des documents édités par les organisateurs de l’exposition contient ces mots… « Une Exposition dédiée à la culture visuelle des communautés de l’Inde rurale. Elles comptent aujourd’hui soixante millions d’hommes et de femmes, répartis sur le vaste territoire indien ».
     Le commissaire général en est M. Jyotindra JAIN, historien d’art et d’anthropologue des cultures populaires de l’Inde.
     En visitant cette exposition, nous ne pouvons rester insensibles devant les rayons lumineux qui se dégagent des sculptures en métal ou en argile, des gigantesques figures équestres dédiées au puissant Dieu des villages tamouls AYYANAR, des illustrations à l’aquarelle sur papier journal pour représenter des divinités de l’hindouisme, de la peinture tribale contemporaine. Ce sont les expressions d’artistes comme BHUTA, NICOBAR, SANTHAL, NACA, RATHAVA, Jivva Soura MASHE, Jancarh SINGH SHYAM.
     Dans ce Musée tout le passé fort lointain de l’Inde semble vivre dans ce présent éternel de l’Humanité.

     Jawaharlal NEHRU (1889-1964) Premier ministre de l’Inde de 1947 à 1964 tenta d’esquisser le contour de l’avenir des Adivasis lors d’une conférence en 1952, à Delhi, sur les aborigènes et sur les peuples de la forêt. Il insista sur la nécessité de les aider en leur construisant des routes, des écoles, des hôpitaux et en créant des petites industries, sans porter atteinte à leur propre mode de vie. Il semble que les paroles de ce patriote indien n’aient pas été entièrement concrétisées dans la construction de la République indienne. C’est dommage ! L’espoir rayonne quand même ! Le Courrier international du 15 au 21 avril 2010 les présente dans ses colonnes sous un autre angle, c'est-à-dire sous des aspects politico-militaires : « Feu sur les Adivasis ! » Des combats impliquant maoïstes et forces paramilitaires se déroulent dans les forêts du CHHATTISGARH ; ils rendent encore plus difficile la vie déjà fort perturbée des Adivasis. Révolutionnaires et aborigènes regardent-ils dans la même direction ? Une question aux multiples réponses !     Arundhati ROY, célèbre et talentueuse romancière et militante écologiste apporte son soutien à ces gens qui se révoltent contre les inadmissibles injustices sociales. Elle semble dire que la non-violence préconisée par le Mahatma GANDHI et la violence définie par les maoïstes luttent pour un monde meilleur. « Ce modèle de développement marche seulement pour certains, pas pour tous… et alors prêcher la non-violence aux victimes de cette guerre ne servira à rien. Une victoire d’un tel système et de son armée ne sera jamais une victoire car cette victoire sera la défaite de l’humanité.» (A. ROY – Courrier international, numéro précité, page 42).
     La violence entraîne la violence. Les injustices sociales doivent être combattues sévèrement par des lois draconiennes.

     Cette Exposition, ne l’oublions pas, a été réalisée dans le cadre du festival de l’Inde en France. Gravitent également autour d’elle un atelier de peinture Adivasi ; Paban DAS BAVEL : déambulations d’un chanteur Baul ; des spectacles de danses sacrées, un cycle de cinéma indien… tout un éventail de manifestations.
     Le Musée du Quai Branly restera jusqu’au 18 juillet la Maison des populations tribales de l’Inde. L’Inde ne devrait pas être connue à l’étranger qu’à travers les mêmes clichés : Informaticiens performants, étoiles filantes du cinéma Bollywood, des intellectuels brillants (sans être pour autant au service du peuple indien),  des personnes qui ne réussissent que dans les affaires commerciales (en se souciant fort peu de leurs compatriotes désargentés).
     L’Inde appartient aussi à celles et à ceux qui se battent pour la dignité humaine et qui rejettent une société trop hiérarchisée. Que tous les humanistes audacieux se dressent devant ceux qui commettent des crimes contre l’humanité. L’Inde sera une véritable puissance économique et spirituelle dans le monde le jour où tous ses enfants vivront libérés du système des castes qui divise injustement les êtres humains entre eux.

      Il est encore temps d’aller jeter un coup d’œil amical voire fraternel sur cette exposition qui honore des personnes humbles mais fières d’avoir écrit les premières pages de la civilisation indienne, voire même de la Fraternité universelle.

      Merci aux organisateurs de cette Exposition que vous pourrez voir au Musée du Quai Branly, 37, Quai Branly - 218, rue de l’Université – 75007 Paris. Jusqu'au 18 juillet.

Renseignements : 01 56 61 70 00

Site internet : www.quaibranly.fr


© Dêva Koumarane - 2010

 

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