...Vous avez la parole sur
Indes réunionnaises
    

     LE JAKO MALBAR

   Patrice LOUAISEL


     Qui n'a pas entendu parler du "jako" malbar, cet homme-singe grimé qui se contorsionne pour ramasser des pièces de monnaie avec la bouche... mais le jako est bien plus que cela...


Photo Ph. Pratx

   En fait, les mythes et prouesses du jako ont suivi des générations de Réunionnais et été vivement appréciés par les masses populaires. Certains l'ont considéré comme un être grotesque et cruel, d'autres comme la représentation humaine d'Hanuman, ce roi des singes qui a été divinisé pour avoir permis à Rama de libérer son épouse Sita, capturée par le roi démoniaque de Ceylan.
   "La danse jako" serait en fait une variante de la "danse du tigre" encore aujourd'hui pratiquée en Inde, où des jakos paradent dans les rues au son des tambours.
   Autrefois, à la Réunion, les jakos dansaient devant le char des divinités, le tel, lors de ses déplacements durant les marches sur le feu. Durant l'Engagisme indien (1848/1882), il y avait quatre jours de "congés" accordés aux hindous à la fin de la campagne sucrière, début janvier de chaque année.
   Le jako - qui a reçu "le don" d'un ancien danseur - a fait la "promes" de danser pour le dieu-singe Hanuman. Habillé d'un langouti, muni d'une chaine et parfois d'une queue en tissu, un foulard rouge cachant ses cheveux, il se recueille d'abord devant un "padon" et effectue un rituel d'offrandes devant le "codi" et le "nargoulam"(ce grand poteau doté d'un drapeau à l'entrée des temples de plantation). Le pavillon est d'ailleurs hissé au son des tambours. Le jako esquisse alors quelques pas de danse, procédant à des gestes et des parades précises.
   Il semble en communion avec le dieu, comme pénétré par l'esprit d'Hanuman. Il s'arrête là ou il y a un groupe de gens. Trois cercles sont tracés au sol. Dans l'un d'entre eux, une feuille de bétel, avec une pièce de monnaie dessus. Le jako va devoir la ramasser, en faisant des acrobaties et en se contorsionnant, uniquement avec la bouche.
   Durant le trajet effectué, le jako peut être invité à bénir une maison et la famille afin qu'ils soient protégés par Hanuman. IL terminera souvent cette bénédiction en apposant sa main sur le mur de celle-ci, constituant ainsi une "garantie", une protection pour la famille. 
   Le jako terminera son exhibition en remerciant Alvan et Nargoulam, en procédant à des rituels et en leur effectuant des offrandes.
   Exposé inspiré d'une émission consacrée au "jako" sur Télé Kréol lors de l'émission "Vanakam".

   Publié en collaboration avec http://www.indeenfrance.com/reunion.php

© Patrice Louaisel, 2011

 

Retour à la page précédente

    

ACCUEIL