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Le service malbar
Une des particularités de ces espaces,
cest que la divinité principale outre Mariamen et Ganesh est incarnée par Karly.
Le service malbar est la cérémonie fêtée avec le plus de faste. Des animaux, en
général des cabris et des coqs, sont sacrifiés. Un repas réunissant une foule de
convives (famille et amis) clôture le service malbar.
Le service malbar en chiffres.
Bien évidemment, le rite du
service nest pas seulement constitué de prières et de ferveur. Laspect
matériel entre en ligne de compte bien que souvent, il soit éludé par mon
interlocuteur.
Étudions le cas de la famille Ponama à Saint-André. Le prix dun
service varie de 10 000 à 15 000 francs. Bien évidemment, tout dépend du chef de
famille, de son budget et de ses coutumes propres. En effet, certaines familles
noffrent que des coqs, dautres des cabris et pour la majorité, un amalgame
des deux. Il faut savoir que le prix dun cabri fluctue en fonction de son poids et
de la période. On peut acheter un cabri à 3 000 francs et plus même. Au mois de
janvier, avec la multitude de cérémonies tamoules (fête Karly du Bois - Rouge, marche
sur le feu...), les prix augmentent.
Il faut bien évidemment y associer tous les ingrédients divers entrant dans
la confection des mets ainsi que le prix dun cuisinier. Il faut compter près de 5
000 francs. Il faut adjoindre à peu près 1 500 francs pour les musiciens et la même
somme pour le prêtre.
Le chef de famille officiant comme prêtre, permet de réduire les dépenses.
Le tarif du coupeur de cabri varie de 500 à 1000 francs voire plus parfois. Pour embellir
le temple de lignage, la famille consacre un budget pour lachat de fleurs et de
décorations quil est difficile de quantifier. À cela sajoute le matériel
destiné à faire les cérémonies. Cela peut osciller entre 500 et 1 000 francs. [cf.
schéma des dépenses ci - après.]

Enluminure 7 : Fête de Mariamen dans le temple
de la famille dAndré SAVARANIN.

Schéma des dépenses pour un service en 1998 au sein dune
famille Saint-Andréenne.
Les chiffres ne sont là quà titre indicatif. En
moyenne, le prix dun service oscille en fonction du nombre de divinités et des
animaux offerts en sacrifice. Pour une seule fête, les prix varient très peu. Seule la
quantité fluctue. Ces chiffres prennent en compte les paramètres les plus importants
puisque le temple est déjà équipé du matériel nécessaire pour le temple ou pour
faire la cuisine. Il faut savoir que pour un premier service, la dépense est plus
importante.
En fait, si lon se réfère aux chiffres
qui ne sont là quà titre indicatif, seules les familles qui entrent dans la classe
moyenne et supérieure peuvent faire le rite du service. Mais, sur la commune de
Saint - André, bon nombre de malbars dorigine modeste perpétuent la tradition
parfois au détriment de leur confort quotidien. La dépense est parfois importante, mais
pourtant seul le fait de conserver les us et coutumes compte dans ces familles.
Conclusion.
Pour certains, létat des lieux que je
viens de dresser leur est familier. Pourtant dans le monde littéraire très peu de
personnes ont laissé un patrimoine écrit en la matière. Seuls quelques points ont
été ici développés pour avoir une vue densemble de létude.
Je souhaiterais avoir lopinion de vos lecteurs sur un autre type de
classification. Quels seraient alors vos critères pour établir une nouvelle
typologie ?
Il ny a pas de temple type comme en Inde, dédié à une seule
divinité. Différencier les temples à mon sens me paraît à juste titre pertinent et
justifié. On retrouve dans les lieux de prière, côte à côte dans le même espace
géographique, des cultes shivaïstes, vishnouïstes, végétariens, sacrificiels
Le
culte et les temples réunionnais sinscrivent dans un contexte local, très
spécifique du fait de lhistoire de la Réunion, ancienne colonie française,
aujourdhui de région ultra périphérique de lEurope.
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