3 – Le service malbar

     Une des particularités de ces espaces, c’est que la divinité principale outre Mariamen et Ganesh est incarnée par Karly. Le service malbar est la cérémonie fêtée avec le plus de faste. Des animaux, en général des cabris et des coqs, sont sacrifiés. Un repas réunissant une foule de convives (famille et amis) clôture le service malbar.

   Le service malbar en chiffres.
     Bien évidemment, le rite du service n’est pas seulement constitué de prières et de ferveur. L’aspect matériel entre en ligne de compte bien que souvent, il soit éludé par mon interlocuteur.
   Étudions le cas de la famille Ponama à Saint-André. Le prix d’un service varie de 10 000 à 15 000 francs. Bien évidemment, tout dépend du chef de famille, de son budget et de ses coutumes propres. En effet, certaines familles n’offrent que des coqs, d’autres des cabris et pour la majorité, un amalgame des deux. Il faut savoir que le prix d’un cabri fluctue en fonction de son poids et de la période. On peut acheter un cabri à 3 000 francs et plus même. Au mois de janvier, avec la multitude de cérémonies tamoules (fête Karly du Bois - Rouge, marche sur le feu...), les prix augmentent.
   Il faut bien évidemment y associer tous les ingrédients divers entrant dans la confection des mets ainsi que le prix d’un cuisinier. Il faut compter près de 5 000 francs. Il faut adjoindre à peu près 1 500 francs pour les musiciens et la même somme pour le prêtre.
   Le chef de famille officiant comme prêtre, permet de réduire les dépenses. Le tarif du coupeur de cabri varie de 500 à 1000 francs voire plus parfois. Pour embellir le temple de lignage, la famille consacre un budget pour l’achat de fleurs et de décorations qu’il est difficile de quantifier. À cela s’ajoute le matériel destiné à faire les cérémonies. Cela peut osciller entre 500 et 1 000 francs. [cf. schéma des dépenses ci - après.]


Enluminure 7 : Fête de Mariamen dans le temple
de la famille d’André SAVARANIN.


Schéma des dépenses pour un service en 1998 au sein d’une famille Saint-Andréenne.

   Les chiffres ne sont là qu’à titre indicatif. En moyenne, le prix d’un service oscille en fonction du nombre de divinités et des animaux offerts en sacrifice. Pour une seule fête, les prix varient très peu. Seule la quantité fluctue. Ces chiffres prennent en compte les paramètres les plus importants puisque le temple est déjà équipé du matériel nécessaire pour le temple ou pour faire la cuisine. Il faut savoir que pour un premier service, la dépense est plus importante.

     En fait, si l’on se réfère aux chiffres qui ne sont là qu’à titre indicatif, seules les familles qui entrent dans la classe moyenne et supérieure peuvent faire le rite du service. Mais, sur la commune de Saint - André, bon nombre de malbars d’origine modeste perpétuent la tradition parfois au détriment de leur confort quotidien. La dépense est parfois importante, mais pourtant seul le fait de conserver les us et coutumes compte dans ces familles.

   Conclusion.

     Pour certains, l’état des lieux que je viens de dresser leur est familier. Pourtant dans le monde littéraire très peu de personnes ont laissé un patrimoine écrit en la matière. Seuls quelques points ont été ici développés pour avoir une vue d’ensemble de l’étude.
   Je souhaiterais avoir l’opinion de vos lecteurs sur un autre type de classification. Quels seraient alors vos critères pour établir une nouvelle typologie ?
   Il n’y a pas de temple type comme en Inde, dédié à une seule divinité. Différencier les temples à mon sens me paraît à juste titre pertinent et justifié. On retrouve dans les lieux de prière, côte à côte dans le même espace géographique, des cultes shivaïstes, vishnouïstes, végétariens, sacrificiels… Le culte et les temples réunionnais s’inscrivent dans un contexte local, très spécifique du fait de l’histoire de la Réunion, ancienne colonie française, aujourd’hui de région ultra périphérique de l’Europe.


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