Christelle Gourdine :

"visiter le pays tout en rendant hommage à leurs ancêtres"

      
  

   Elle-même de racines indiennes lointaines - mais affectivement si proches -, Christelle Gourdine a créé Zen Development Services, une société basée à Pondichéry et dont une des activités les plus marquantes consiste à permettre par exemple aux Antillais ou Réunionnais d'ascendance indienne de renouer avec la terre de leurs ancêtres...
   Photographie © Jérôme Désert.


Interview  -  Site internet


Interview

  • IR : Christelle Gourdine, pourriez-vous tout d'abord vous présenter à nos visiteurs ?

CG : Née en France métropolitaine, je suis descendante d’engagés indiens de quatrième génération. Ma famille a quitté l’Inde il y a près de cent cinquante ans pour travailler en Guadeloupe ; ils sont partis de Pondichéry et de Calcutta. J’ai toujours vécu en Métropole mais je vais en Guadeloupe au moins une fois par an pour rendre visite à mes parents qui y sont retournés il y a une vingtaine d’années.
   Diplômée en finance d’entreprise, j’ai travaillé pendant quatorze ans pour une grande banque française avec plusieurs années à postes de management et coaching mais, depuis l’année dernière, j’ai quitté cet emploi pour créer Zen Development Services Pvt Ltd.
   J’ai toujours eu un fort intérêt pour les questions sociales : j’ai été membre d’un réseau féminin de cadres de la finance et marraine pour « Nos Quartiers ont des Talents ».  Je continue donc dans cette voie en tant que coach-formatrice.

  • IR : Dans votre vie, comment a débuté puis comment s'est déroulé le parcours qui vous a finalement conduite jusqu'à une installation en Inde ?

CG : Je suis allée en Inde pour la première fois il y a un peu plus de sept ans et je me suis sentie chez moi. Depuis, je n’ai pas arrêté d’y aller, quinze voyages en tout, pour découvrir différentes régions, cultures, pour du tourisme ou pour rencontrer la diaspora lors de l’annuel Pravasi Bharatiya Divas.
   Il y a deux ans, j’ai pris un congé sabbatique pour y passer plus de temps et faire des recherches sur ma famille ; au retour à Paris, je ne souhaitais qu’une chose, aller y vivre. J’ai fait un bilan de compétences qui m’a permis de définir un nouveau projet professionnel combinant mes aspirations et mon expertise professionnelle. Je me suis ensuite lancée dans une nouvelle vie qui peut sembler risquée mais qui est la suite logique de mon parcours professionnel et personnel.

  • IR : Pourquoi le choix de Pondichéry ? A-t-il été uniquement dicté par le passé français de la ville ? 

CG : En fait,  cela n’a pas du tout été dicté par le passé français de la ville. Je suis partie durant l’été et c’est la seule région qui ne reçoit pas vraiment la mousson.  Par ailleurs, c’est une ville internationale, moins traditionnelle, donc c’était plus facile pour moi de m’y installer seule.
   Je ne pensais y rester que deux ou trois mois avant d’aller explorer les opportunités à Delhi et Calcutta, mais au bout de trois semaines, j’ai décidé de m’y installer. Cette ville me rappelle beaucoup la Guadeloupe et je m’y sens bien.

  • IR : Vous avez donc créé Zen Development Services Pvt Ltd : de quoi s'agit-il ?

CG : Zen Development Services Private Limited est une société de coaching dont l’ambition est de rendre les individus libres :
* En développant plus de justice sociale dans la société ;
* En permettant à chacun de découvrir d’où il vient, qui il est et l’aider à trouver sa voie ;
* En permettant à chacun de développer son potentiel professionnel.
   Nous avons trois programmes :
* Meet Your Roots : services pour la diaspora indienne avec une aide à la recherche généalogique et l’organisation de voyages de retour aux sources ;
* Develop Yourself : coaching et formation pour des individuels, des entreprises et des ONG ;
* Open Up to Life : organisation de voyages spirituels.

  • IR : Concernant le programme "Meet Your Roots",  vous constatez que de nombreux compatriotes ont comme vous ce désir de retrouver leurs terres ancestrales ?

CG : Oui, il y a un engouement croissant pour la recherche d’identité et cela est aussi vrai pour les Antillais. Beaucoup de gens veulent venir découvrir le pays de leurs ancêtres, veulent faire le lien entre la culture indienne qu’ils connaissent en Guadeloupe et les pratiques en Inde. Néanmoins, il peut y avoir une certaine réticence, des peurs et c’est pour cela que je veux les aider à franchir le pas.

  • IR : Quels sont les besoins spécifiques de cette "clientèle" et que lui proposez-vous exactement ?

CG : Nous accompagnons cette quête d’identité, car notre clientèle est confrontée à une culture qui a été celle de leurs ascendants mais qui n’est pas la leur. Pour certains, il y a rejet total ou une implication absolue dans cette nouvelle culture.
   Le voyage « Meet Your Roots » leur permettra de visiter le pays tout en rendant hommage à leurs ancêtres. Ce n’est pas une démarche neutre et je sais que cela peut bouleverser notre vision de la vie. En tant que coach, je veux permettre aux gens de bien vivre ce moment et accueillir ce qui vient.
   Les voyages thématiques permettent une approche selon leurs loisirs, besoins professionnels, etc.

  • IR : Dans ce cadre vous proposez notamment une aide à la recherche généalogique, en particulier à destination des Français, des Domiens, d'ascendance indienne : qu'est-ce qui vous a poussée à cette initiative et en quoi consiste exactement votre action dans ce domaine ?

CG : Quand je parlais à mes amis de mes recherches, ils me posaient beaucoup de questions et souvent ne savaient pas comment s’y prendre pour leur recherche, c’est ce qui m’a donné envie de proposer ce service.
   Il faut être méthodique et ne pas se limiter à la lignée paternelle, explorer toutes les pistes possibles. Ayant moi-même fait mes recherches, je les fais profiter de mon expérience.

  • IR : Quels sont vos partenaires dans ces deux actions ?

CG : Je travaille en partenariat avec une agence de voyage indienne qui a un réseau dans toute l’Inde et aura bientôt un bureau à Paris. J’ai aussi des prestataires locaux à Pondichéry où je suis installée, à Yanaon ainsi qu’à Calcutta.

  • IR : Vous avez assisté au grand rassemblement de la Pravasi Bharatiya Divas en ce début d'année 2012, au Rajasthan : qu'en avez-vous retenu ? Notamment des perspectives encourageantes pour vos projets ?

CG : Le Pravasi Bharatiya Divas est un événement annuel d’envergure qui permet au gouvernement indien d’échanger avec sa diaspora. Tout le monde peut y participer, nul besoin de faire partie d’une association ou d’avoir une entreprise.
   En tant que femme, cette année était particulière avec une session sur les femmes et l’égalité des sexes mais aussi la présence de la Première Ministre de Trinidad & Tobago, Mme Persad Bissesar,  qui était invitée d’honneur et a fait des discours très inspirants.
   J’ai pu faire la promotion de « Meet Your Roots » et j’ai eu de bons retours sur cette initiative, que ce soit au niveau de la diaspora ou du gouvernement indien.

  • IR : Personnellement et professionnellement, quel regard portez-vous sur cette diaspora indienne mondiale, qui semble de plus en plus prendre conscience d'elle-même et de son importance ?

CG : Je trouve cela formidable et enrichissant d’échanger avec des personnes originaires de l’Inde mais vivant dans différents pays. On se ressemble tous beaucoup et, en même temps, on est différent car on a une autre culture dominante et nos ancêtres ne sont pas partis pour les mêmes raisons ni dans les mêmes conditions. Dans beaucoup de pays, la diaspora indienne a un poids économique et politique important mais ce n’est pas encore le cas en  France.

  • IR : Et comment voyez-vous l'évolution actuelle et à venir des rapports entre l'Inde et sa diaspora ? Les autorités officielles indiennes semblent faire de gros efforts pour tirer partie de l'atout qu'est cette diaspora pour s'assurer une place de premier plan sur la scène internationale : est-ce ce que vous ressentez ? Et n'y a-t-il pas encore beaucoup à faire ?

CG : Le Ministère des Overseas Indian Affairs a été créé en 2004 pour faire le lien entre l’Inde et sa diaspora. Il faut savoir qu’il y a plus de vingt millions d’Indiens ou de personnes d’origine Indienne vivant à l’étranger. Il y a plusieurs programmes comme Know India Program pour les jeunes ou les bourses d’études en Inde. Il y a un travail de fond fait avec et pour la jeunesse.
   Les liens sont de plus en plus importants et s’ils étaient auparavant de nature économique, ils évoluent vers une intégration de cette diaspora qui a de plus en plus de droits en Inde et à qui on demande de revenir. Après la fuite des cerveaux des années 60, on assiste au retour des compétences.
   Il y a bien sûr toujours à faire mais surtout au niveau de la diaspora qui manque d’unité et ne parle pas d’une seule voix au moment opportun, ce qui est dommage.

  • IR : Comment votre action est-elle perçue par les Indiens eux-mêmes, officiels ou particuliers ?

CG : Les Indiens sont toujours contents de voir des personnes d’origine indienne revenir vers eux. Les officiels apprécient les projets liés au retour aux sources et au tourisme.
   Il y a un sentiment de fierté mais aussi d’étonnement et de curiosité de la part des particuliers : la France est perçue comme un pays libre et riche, comparée à l’Inde, alors pourquoi ce lien fort avec l’Inde, pourquoi vouloir s’y installer ?

  • IR : Quelles sont vos ambitions et quels sont à présent vos projets ?

CG : En ce qui concerne « Meet Your Roots » : J’ai fait beaucoup de lobbying au sujet de la carte PIO et je continue à travailler avec l’Ambassade de de l’Inde pour que le gouvernement indien accepte l’utilisation des documents d’état civil français pour prouver nos origines indiennes. Nous assisterons bien sûr tous ceux qui le souhaitent dans leur démarche.
   Continuer à être la voix de la diaspora indienne francophone en rédigeant des articles pour les magazines indiens India Empire et Janamitra.
   Nous proposons un premier voyage « Meet Your Roots » en octobre, d’autres suivront en 2013. Le détail sera prochainement sur notre site
www.meetyourroots.fr
   Le programme « Develop Yourself » se focalisera sur le coaching localement en Inde et l’accent sera mis sur le leadership au féminin.
   Enfin, dans le cadre du programme « Open Up To Life », un voyage est prévu en septembre 2012 avec une formation animée en anglais mêlant le spirituel et le développement personnel.
   Pour autant, je ne me coupe pas de la France et de la Guadeloupe, bien au contraire, car les enjeux sont les mêmes : faire connaître notre histoire et aider chacun à trouver sa juste place dans la société.

 

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Site internet

 
       

    La société Zen Development Services a bien sûr sa place sur internet et le site en question pourra vous fournir des détails que vous souhaiteriez découvrir encore sur les actions et offres de Christelle Gourdine et de ses partenaires.
   Les trois rubriques principales présentent ainsi chacun des trois programmes proposés : "Généalogie", "Voyages Meet Your Roots" et "Voyages thématiques". La philosophie ou l'esprit de chacun des ces trois axes est présenté de façon concise et efficace, et des liens sont établis avec les réseaux sociaux qui constituent un précieux complément pour le site.
   L'adresse est la suivante : http://www.meetyourroots.fr.

    

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