Lalitha Badrinath :

"Je suis profondément impliquée dans la recherche et la connaissance de la culture indienne"

      
  

   La commune du Buc, dans les Yvelines, a une riche vie associative, et parmi ces associations, le GRFI - Groupe de Réflexion Franco-Indien - existe depuis deux décennies et propose mensuellement des exposés ou conférences de qualité. Lalitha Badrinath, fondatrice du GRFI nous en dit ici davantage.


Interview

  • IR : Lalitha Badrinath, pouvez-vous commencer par vous présenter à nos visiteurs ?

LB : Tout en étant d'origine tamoule de Tamilnadu (Chennai), j'ai fait mes études primaires à Delhi et mes études supérieures à New York. Je suis spécialisée en philosophie comparée et en science de l'éducation. J'habite en France depuis 1965 et j'ai travaillé de longues années dans le domaine des handicapés mentales et physiques. Depuis 2008, je suis Conseillère municipale, déléguée aux affaires sociales de la commune de Buc (6000 habitants), près de Versailles, dans les Yvelines.

  • IR : Quels liens personnels entretenez-vous avec l'Inde et sa culture ?

LB : Je suis profondément impliquée dans la recherche et la connaissance de la culture indienne et de sa civilisation ; mes voyages en Inde m'ont permis de rester en contact étroit avec les évolutions du pays.

  • IR : Pouvez-vous nous dire comment est né le Groupe de Réflexion Franco-Indien et dans quel but s'est créée l'association ?

LB : J'ai crée l'association en 1990 lorsque j'ai constaté réellement le manque de connaissance réciproque entre les deux peuples.

  • IR : Qui sont les membres du groupe ? A qui l'association est-elle ouverte ?

LB : L'Association est ouverte à tous ceux qui souhaitent mieux connaître les cultures indienne et occidentale, aux personnes d'origine indienne et aux occidentaux, habitant essentiellement la région parisienne et l'Île-de-France (certains courageux viennent de plus loin !). Par ailleurs, il n'y a pas de cotisation ni participation financière pour assister à nos réunions mensuelles.


M. Jacques Attali après son exposé sur sa biographie
de Mahatma Gandhi (fév. 2008) dans le château de Buc.

  • IR : Que diriez-vous pour définir l'état d'esprit dans lequel se développent vos activités ?

LB : Nous nous efforçons de promouvoir un esprit ouvert avec le choix des sujets d'intérêt aux participants et en choisissant les intervenants, en grande partie parmi nos propres membres - des intervenants qui ont cette ouverture et la volonté de prendre en main un sujet, faire des recherches approfondies afin de faire un exposé (en français ou en anglais, selon leur choix) avec le maximum de précision et d'honnêteté !

  • IR : Le GRFI existe depuis une vingtaine d'années : quel est le secret de sa longévité ? A-t-il connu des évolutions notables ?

LB : La "longévité" s'explique peut-être par la grande volonté de quelques membres fidèles qui participent activement dans le choix des exposés, leur tolérance dans l'analyse des thèmes quelques fois susceptibles de donner lieu à controverse. L'évolution notable est surtout dans le nombre de personnes qui assistent aux réunions, d'abord d'une dizaine réunissant dans la maison de l'un de nos membres fondateurs, puis ces dernières années, dans la Maison des Associations de la Mairie de Buc avec quelquefois jusqu'à cinquante, cent ou deux cents personnes.

  • IR : Parmi vos objectifs, il est question "d’approfondir la connaissance et la compréhension des diverses traditions dans le monde" : est-ce à dire que vos centres d'intérêt dépassent largement le cadre des cultures indiennes ?

LB : Il est exact qu'il nous arrive de traiter des sujets sans un lien direct avec la culture indienne, par exemple la Thaïlande ou la civilisation des amérindiens, car tel est la demande des membres ou à la suite d'une opportunité à saisir lorsqu'un intervenant a eu des contacts poussés avec tel ou tel peuple.

  • IR : Comment s'effectue le choix des sujets que vous abordez lors de vos rencontres ? Pouvez-vous nous donner quelques exemples de sujets particulièrement marquants qui ont été abordés au cours des périodes récentes ?

LB : Par exemple, nous avons cherché à étudier les nombreuses langues indo-européennes, les religions (l'Inde possédant elle-même cette diversité de religions), l'histoire ancienne de la région Inde - Asie Centrale - Asie du sud-est, etc.


R. Krishnan présentant le programme "Travel in Time" (évolution des deux styles de musiques
classiques indiennes depuis les temps védiques) à la Maison de l'Inde, Paris en juin 2009.

  • IR : L'association a publié un guide intitulé : A Guide to Living in France : à qui est-il destiné, et que peut-on y trouver ?

LB : Le livre A Guide to Living in France est destiné aux ressortissants de la péninsule indienne venant habiter ou visiter la France et ne connaissant pas encore la langue française. Il comporte les chapitres suivant : Un peu d’histoire, Vivre en France, Formalités administratives, Famille, Système éducatif, Emploi, Logement, Santé, Services financiers et bancaires, Associations franco-indiennes et centres culturels, Bénévolat, Lieux de culte, Restaurants, Magasins, Ambassades et Autres renseignements utiles. Ce livre est maintenant épuisé !

  • IR : Si un tel guide existe, cela signifie-t-il qu'il est particulièrement difficile pour un Indien de s'adapter à la vie française ?

LB : Certes, les personnes venant de l'Inde ou des pays avoisinants sont généralement anglophones et ignorent beaucoup de choses relatives à la France.

  • IR : Quel regard portez-vous sur la vie culturelle indienne en France telle qu'elle se développe actuellement ?

LB : Bien entendu, il existe beaucoup d'Associations indiennes, franco-indiennes, indo-françaises, associations spécialisées par région indienne, etc. Mais le manque de bonne compréhension de l'Inde est criante en France (et réciproquement). Il faut encore beaucoup de temps et d'efforts pour dépasser les idées préconçues, les vieilles images, les impressions dépassées, etc. La culture ne doit pas se limiter aux concerts de musique, de danse, aux expositions. Il est beaucoup plus difficile de perdre les préjugés et d'acquérir un respect mutuel entre civilisations !

  • IR : Quels sont les projets du GRFI ? Avez-vous notamment envisagé d'aborder des sujets relatifs aux cultures indo-réunionnaises ou indo-créoles ?

LB : Si nous avons l'occasion de rencontrer ou recevoir une proposition d'un connaisseur de la culture indo-réunionnaise, nous serions ravis d'organiser une réunion (ou plus) consacrée à cette culture qui a dû évoluer considérablement dans un environnement différent tout en gardant la pureté d'origine.

  

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