Marlis Ladurée :

"Peindre est pour moi l'occasion de libérer les impressions, de recevoir et de transmettre des messages et des images du monde subtil"

    
  

   Allemande mais installée en France, Marlis Ladurée est une artiste peintre un peu particulière, puisque son œuvre est essentiellement consacrée à la peinture de mandalas, ces figures utilisées notamment dans l'hindouisme et le bouddhisme, en Inde, au Tibet, etc. S'appuyant sur les bases de la tradition, elle a opté cependant pour une version modernisée du mandala. Elle nous parle ici de son art.
   NB : le portrait de Marlis Ladurée est du photographe
Michel Lidvac.


Interview  -  Galerie  -  Site Internet


Interview

  • IR : Marlis Ladurée, pouvez-vous  tout d'abord vous présenter à nos visiteurs ?

  • ML : Je suis née à Berlin-Ouest. C’est là que j’ai fait mes études de design de mode et d'illustration. Je suis venue en France, à Paris, en 1978, pour exercer le métier de designer et d'illustratrice indépendante pour les industries de la mode et de la publicité. Je me suis très vite orientée vers la peinture. J’ai épousé ensuite un Français !

  • IR : La pratique du mandala  n'est pas traditionnellement ancrée dans la culture occidentale : comment  l'avez-vous découverte ?

    ML : En approfondissant le Yoga, en 1982, je me passionnais pour l'Asie, et la symbolique des écritures sacrées. Ma rencontre avec le “cercle magique - les diagrammes ésotériques” a eu lieu à ce moment.

  • IR : Avez-vous suivi une formation particulière  concernant la réalisation des mandalas ?
  • ML: J’ai effectué une formation de trois ans à la Fédération Française de Hatha Yoga (FFHY), j’ai étudié la culture de l'Inde, l'hindouisme et le bouddhisme. La révélation s'est produite pendant cette formation en 1989 à la FFHY, à Paris, chez Shri Mahesh, quand Brigitte Neveux a présenté une conférence sur ce thème. J’en ai fait d’ailleurs par la suite mon sujet de mémoire d’études : “Mandalas et yoga des enfants”, d’où l’intitulé de ma première création: “Mémoire”.
     

  • IR : Pouvez-vous, en allant à  l'essentiel, nous rappeler le rôle et la signification des mandalas  traditionnels en Asie ?

    ML : En sanskrit, le langage sacré des brahmanes indiens, mandala veut dire “cercle” et plus précisément “cercle sacré” ou “cercle magique”. Il est utilisé comme support à la méditation ; c’est une visualisation de l’Univers. Le mandala présente un modèle de macro et microcosme : le centre et la rotation, l'unité et la diversité (amas de galaxies, système solaire, les cellules, les molécules et les atomes). C'est une visualisation de l'Univers. Le centre d'un mandala représente le centre de l'Univers. C'est le coeur de l'univers qui comporte la sagesse, l'énergie venant du vide, du silence. La périphérie représente la création du monde. C'est aussi la diversité de l'univers en organisation, née de son centre.
       Ainsi, le mandala est un “COSMOGRAMME”, une sorte de plan architectural qui représente l'univers tout entier dans son schéma essentiel. En Inde, au Tibet, et dans toute l'Asie, les grands temples, ainsi que les pagodes, sont construits sur le principe architectural des mandalas. Les textes sacrés veulent que chaque temple soit une représentation de l'Univers.
       Le dessin d'un mandala agit sur le psychisme : il unifie par son centre et il équilibre par sa périphérie. Pour l'homme, c'est un “PSYCHOCOSMOGRAMME”.
     

  • IR : Vous avez personnellement opté pour le mandala  contemporain : en quoi se différencie-t-il du mandala traditionnel ?

    ML : Le Mandala traditionnel est très compliqué à comprendre pour l’occident. Il faut beaucoup de connaissances initiatiques pour le pratiquer. Le Dr Carl Gustav Jung, psychanalyste et élève de Freud a fait déjà connaître le mandala pour l’occident et il l'a appelé «Mandala européen». D’après lui le mandala est un“ARCHÉTYPE” et un reflet de soi. Dans ses analyses, il a fait un lien aux systèmes solaires (au centre l’étoile, en orbite planètes, satellites et lunes) ou aux mondes des atomes, des cristaux et des cellules ; mais aussi aux bourgeons, fleurs, fruits tranchés, ondes à la surface de l’eau, troncs d’arbres etc. Et c’est pour cela que je me suis décidée pour le mandala contemporain.
     

  • IR : Les mandalas contemporains ont-ils selon vous la même puissance spirituelle  que les mandalas traditionnels ?

    ML : Je pense que oui, par mes expériences, et parce que le cercle en général a comme pouvoir de ramener l’esprit vers son centre.
     

  • IR : Quel est votre public ? Quels sont  les acheteurs de vos oeuvres ? Des passionnés de spiritualité, des personnes  appréciant l'esthétique de vos toiles... ?

    ML : Toutes sortes de personnes, des différents coins de la planète ; qu'elles soient initiées à leur tradition spirituelle et religieuse ou non-initiées. Il y a aussi bien sûr l’attirance de la beauté, l'esthétique. De toutes les façons, il n’y a pas besoin d’être initié à la connaissance du mandala. Lui-même a un grand pouvoir de transmettre et focaliser pour donner un effet d’harmonie et de bien être à la personne qui le regarde.
     

  • IR : Comment travaillez-vous,  matériellement et dans quel état d'esprit ?

    ML : Peindre est pour moi l'occasion de libérer les impressions, de recevoir et de transmettre des messages et des images du monde subtil. Mon action est sans cesse guidée par des énergies et des influences que j'analyse ensuite.
       Dans mon atelier que j’ai créé comme un petit palais céleste, il y a des étoiles partout : sous forme de mosaïques, de faïences, dans les murs, le plafond, les tissus... ; j’y allume des bougies et de l'encens.
       Je rentre en état méditatif, je suis devant la toile blanche, reliée au monde subtil. Je demande de devenir instrument. Je ne sais pas ce que va devenir la toile. Je me laisse guider par les forces divines. Lors de ma méditation, il y a aussi des prières : prières pour la paix, l’amour, l’éveil de l’humanité sur toute la planète terre. Il y a aussi des rituels : debout devant la toile entre ciel et terre, reliée à cette méditation, je suis entre le haut et le bas, entre le subtil et la matière, le macro et le microcosme, entre l’univers et les êtres. Je me visualise comme un axe, un pilier, une sorte de tunnel qui relie ces opposés. Et je me laisse imprégner d’énergie cosmique. Je prends contact avec la toile nue, je la touche avec mes mains en mouvements circulaires. À ce moment, j’associe des mudras, des mantras et des prières, pour que l’énergie positive et la lumière puissent se matérialiser dans le tableau. C’est une danse, danse de Shiva, danse céleste.
       Enfin je commence mon travail sur la toile : tracer les premiers axes, les premières diagonales, les premiers glacis. C’est la technique picturale qu’ont utilisée les plus grands peintres depuis la renaissance (Raphaël, Léonard de Vinci, Michel-Ange, Ingres ...), elle permet de donner au tableau une transparence et une richesse de teinte incroyable. Le glacis est une couche de peinture à l'huile très diluée, avec peu de pigment, que l'on applique sur un fond bien sec. En superposant les glacis, de nouvelles teintes apparaissent.
       J'ai suivi une formation passionnante à l’École, dans les ateliers du Louvre où j’ai étudié la technique des glacis. Les teintes obtenues par superposition et non par mélange de deux couleurs, seront bien plus éclatantes. Cette technique est cependant contraignante car entre chaque glacis, il faut laisser sécher la toile au moins dix jours. Je suis amenée, par cette technique, à peindre plusieurs toiles en même temps, ce qui modifie et influence ma manière de travailler. Les maîtres de l’époque ont utilisé jusqu’à vingt couches de glacis. Il y a dans mon atelier plusieurs toiles qui prennent vie progressivement, de glacis en glacis. Grâce à cette technique, la lumière ne se contente plus de rebondir sur la surface peinte de la toile, elle la traverse, renvoyée par les couches de glacis, comme pour les vitraux des cathédrales, la lumière "sort" du tableau, crée sa propre étincelle de vie.
       Et ainsi, sur des mois, la toile devient tableau, devient oeuvre, devient miroir de la lumière, de l’amour et de la paix.
       Mais il y a aussi des sortes des sculptures, fabriquées avec des empattements sur mes toiles et recouvertes des feuilles d’or 24 carats. C’est pour donner encore plus d’éclat et des rayonnements solaires aux tableaux. À l’époque j’ai utilisé aussi des pierres semi-précieuses, des mosaïques vénitiennes, des cristaux et du strass.
     

  • IR : Voyagez-vous régulièrement  en Inde ou dans les pays voisins ? Vous intéressez-vous a d'autres aspects  de la culture indienne ?

    ML : Je connais déjà un peu l’Inde du sud et certaines îles avec leurs communautés indiennes.  Mais je voyage aussi souvent en Thaïlande, en Indonésie et j’aime aussi beaucoup le bouddhisme.
     

  • IR : Connaissez-vous les cultures  indo-réunionnaises ou indo créoles en général ? Envisageriez-vous d'exposer à la Réunion ?

    ML : Je connais l’île Maurice et j’ai insisté à plusieurs fêtes hindouistes, leurs rituels, leurs méditations et leurs prières. J’aimerais bien exposer dans l’avenir à la Réunion, ça serait un grand plaisir et un grand honneur pour moi.
     

  • IR : Quels sont actuellement vos projets ?

    ML : J’ai signé un contrat avec un éditeur en Allemagne. Il va sortir en octobre 2008 un calendrier d’anniversaire perpétuel avec mes oeuvres, accompagné des poèmes de la sagesse et de cartes de voeux. Ce sera une fabrication de prestige et en trois langues.
       Il y a aussi des projets avec des compositeurs et musiciens très connus en Angleterre. Relier leurs magnifiques Mantra-Music avec mes Mandalas, mais pour le moment c’est encore un projet secret et en construction. Je donnerai plus d’informations quand ce projet aura pris forme.
       Dans très peu de temps, vous trouverez aussi sur mon site ( http://www.marlisladuree.com ), dans la boutique, des reproductions de mon art, en impression GICLEE (impression numérique à l’unité) en forme de posters et aussi sur toile.
       J’ai créé aussi récemment un groupe d’artistes :  l'Association ART MANDALAS. Chaque artiste exprime le mandala à sa façon et utilise diverses techniques modernes. Pour moi la philosophie et le but de notre association est de créer un cercle harmonieux d’artistes qui se ressemblent dans leurs démarches artistiques. C’est pour créer une énergie commune qui nous fait avancer dans notre travail et diffuser ensemble nos messages de la paix et de la beauté à travers des expositions communes vers le grand public. Et voilà, notre première exposition commune se tient en ce moment à Paris aux CENT CIELS.
       Et bien sûr je travaille actuellement sur de nouveaux mandalas pour préparer mes prochaines expositions personnelles...

      

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Galerie

     

         
   

   
         

     

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Site Internet

  

    Le site Mandala, de Marlis Ladurée (www.marlisladuree.com:80/)  vous permettra de faire plus ample connaissance avec l'artiste et son œuvre. La rubrique clé est certainement la galerie d'images, qui donne un aperçu chronologique le la production de Marlis. Mais bien d'autres rubriques sont à découvrir au cours de votre visite, notamment une page consacrée à une explication de ce qu'est le mandala, ou encore une page "boutique", si vous souhaitez acheter un tableau... Il existe aussi une version anglaise.

     

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