Camille Moutoussamy :

"Pour moi, la femme joue un rôle central dans la civilisation et dans la religion hindoues"

      
  

   A l'occasion de la sortie encore récente de son ouvrage Princesse Sitâ, Indes réunionnaises interviewe aujourd'hui l'écrivain martiniquais Camille Moutoussamy. Outre son livre et le Râmâyana - où il a puisé une partie de son inspiration - il évoque aussi pour nous sa vison de la culture indo-caribéenne.


Interview  -  Le livre


Interview

  •  IR :  Camille Moutoussamy, vous êtes déjà bien connu aux Antilles, mais pourriez-vous tout d'abord vous présenter à nos visiteurs de la Réunion, de la Métropole et d'ailleurs ?

CM  Je suis environnementaliste et j’exerce ma profession comme chef du Service Environnement et Développement Énergétique de la Région Martinique.
   Je suis né le 28 mars 1946 sur l’Habitation-Plantation Eyma (là-même où est né le grand poète Aimé Césaire), à Basse-Pointe, dans le nord de la Martinique. Ma mère était tamoule et mon père, qui vient de décéder à 99 ans, était « Echappé-coolie », comme on dit chez nous, c’est-à-dire : fils d’une Tamoule et d’un descendant d’esclave nègre. Je suis donc descendant d’Indiens aux trois-quarts. Mais je me définis comme coolie de culture et de religion hindoues. Je défends donc le concept de coolitude que je crois avoir été le premier à avoir utilisé, en écho, ou grâce à la négritude de mon illustre compatriote Aimé Césaire. Je suis père de deux garçons (jumeaux) : Olivier et Thierry, ce dernier étant plus connu sous son nom de rappeur : Lord Kossity. Mon travail littéraire milite pour la prise en compte légitime de l’apport indien, du fait indien dans le patrimoine  culturel et identitaire de mon pays.

  • IR :  Qu'est-ce qui vous a donné le goût de l'écriture, et plus particulièrement de l'écriture romanesque ?

CM : Dès ma jeunesse je passais des nuits entières à lire des romans, des essais, des recueils de poésie, en écoutant de la musique indienne, de la musique classique, de la « musique du monde » et du Jazz. J’aime voyager. J’ai fait deux tours du monde et je ne désespère pas d’en faire encore deux autres. Tout ce bagage m’a tout naturellement orienté vers l’écriture romanesque. J’ai commencé à écrire à un âge avancé à cause de ma passion pour mon métier qui me dévorait mon temps.

  • IR :  Pouvez-vous nous parler rapidement de vos ouvrages précédents et de l'éclairage que vous avez cherché à apporter à travers eux sur les Antilles et sur la présence indienne dans la région ?

CM : Mon premier livre s’appelle Eclats d’Inde. C’est une chronique incisive de l’arrivée des Indiens (à partir du 6 mai 1853) ; de leur contribution décisive dans la relance de l’économie sucrière ; de la vie de leurs descendants et leur engagement dans les luttes sociales sur les Habitations-Plantations jusque dans les années 1960. Les chantres du mouvement de la Créolité : Jean Bernabé, Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant y ont vu la dimension indienne, rendue de l’intérieur, qui manquait à la Créolité. Raphaël Confiant en a même écrit la quatrième de couverture. J’ajoute que Eclats d’Inde a inspiré la cinéaste Camille Mauduech, pour son film : Les Seize de Basse-Pointe, procès retentissant de seize coupeurs de canne (dont trois de mes oncles coolies) accusés de l’assassinat d’un béké géreur de plantation qui les avait agressés à coups de revolver.
   Pour mon deuxième livre, J’ai  rêvé de Kos-City, c’est la vision environnementaliste et affective à la fois que j’ai voulu exprimer. Il s’agit d’un jeune architecte indo-martiniquais qui parcourt le monde, notamment l’Inde (Chandigarh), en quête d’inspiration pour s’en revenir dans son pays créer une ville nouvelle (haute qualité environnementale), afin de répondre à la fois aux douloureux et lancinants problèmes de chômage et du logement. J’ai rêvé de Kos-City, c’est aussi, non seulement un clin d’œil, mais un témoignage d’amour à mes fils Olivier et notamment Thierry, alias Lord Kossity.
   S’agissant de la présence indienne à la Martinique, je m’insurge, après l’assassinat de la langue tamoule (ma véritable langue maternelle), contre le fait que rien dans nos musées régionaux et départementaux ne met en valeur cette part de notre patrimoine culturel et identitaire. Après la diabolisation de notre religion hindoue par les églises chrétiennes, l’élite intellectuelle tend à présenter les premiers Indiens comme des briseurs de grève et leurs descendants comme de pâles figures de l’histoire martiniquaise. Seul un buste de Gandhi offert récemment par le gouvernement indien trône au bout d’un boulevard de la ville capitale, sans être honoré au moins aux dates anniversaires de la naissance et de l’assassinat du Mahātmā.

  • IR :  Votre nouveau roman s'intitule Princesse Sitâ, faisant ainsi explicitement référence à un des textes les plus fameux de la littérature indienne : le Râmâyana. Pourquoi se référer ainsi à une œuvre si lointaine, dans le temps et dans l'espace ? Quels liens établissez-vous avec les Antilles contemporaines ?

CM : Pour moi l’épopée du Rāmāyana s’élabore à partir de l’action de trois femmes : une esclave, Manthara ; une reine, Kaikeyi, et une princesse, Sitā. Mais en tant qu’hindou, j’ai préféré parler du « destin croisé » de ces trois femmes. Pour moi, le Rāmāyana est un don universel et intemporel. Tout ce que j’observe et lis aujourd’hui se trouvait déjà dans le Rāmāyana.
   Quand les Indiens sont arrivés à la Martinique à partir de 1853, ils avaient, entre autres, dans leurs baluchons ou dans leur tête, sinon le Rāmāyana tout entier, du moins des fragments significatifs de cette épopée. Costumés, grimés, coiffés comme chez eux en Inde, ils les ont chantés, dansés et joués, chaque fois, pendant toute une nuit, sous forme de nadrom. J’ai moi-même incarné, à maintes reprises, la princesse Sitā à l’occasion de la présentation du Ramé-nadrom : l’épopée de Ramā. J’ai donc une tendresse particulière pour Sitā, comme d’autres l’ont pour la vierge Marie.

  • IR :  Vous présentez votre roman comme celui du "destin croisé de trois femmes", dont Sitâ bien évidemment : pourquoi ce recentrage sur les personnages féminins ?

CM : Pour moi, la femme joue un rôle central dans la civilisation et dans la religion hindoues. Même Shiva a cru devoir former avec sa shākti, Pārvatī, une divinité unique, androgyne, appelée Ardhanārīshvara. J’en ai une représentation chez moi, à côté de Shiva Nātarāja et de Ganesha. Je les présente (sans toujours rire) à mes visiteurs, comme une famille soudée.

  •  IR :  Quelle image cherchez-vous à donner de votre héroïne éponyme ? Peut-elle être selon vous un personnage exemplaire et significatif aux yeux du lecteur contemporain ?

CM : Oui. C’est ça même. Parce que je crois que la femme d’aujourd’hui, surtout l’occidentale, se perd dans les méandres de sa recherche d’altérité et d’identité. Tout va trop vite, pour l’homme et la femme elle-même. J’attends de la femme qu’elle réenchante la vie, malmenée par l’ambition masculine.

  • IR :  Cette mise en avant des personnages féminins veut-elle dire que le personnage traditionnellement central de Râma se voit détrôné de son statut de héros ?

CM : Non. Oh que non ! Ramā, septième incarnation de Vishnou. Simplement, pour raconter le Rāmāyana de manière romancée, il me fallait donner plus d’épaisseur aux femmes, qui, quelquefois, n’étaient que citées par le poète Valmiki. C’est le cas par exemple de Urmilā, Mandāvi et Srutakirti : la sœur et les cousines de Sitā, devenues respectivement épouse de Laskshmana, de Bharata et de Satrughna.

  • IR :  Quel regard portez-vous sur les cultures indo-antillaises actuelles ?

CM : À Trinidad, par exemple, les Indo-caribéens ont tout gardé de leur culture et religion d’origine. Ils sont en situation de garder ou de reprendre le pouvoir politique et économique.
   En Guadeloupe, les descendants d’Indiens, plus nombreux et plus riches que nous, s’organisent en associations. Ils peuvent s’habiller naturellement en tenues indiennes. Leur nombre peut permettre une certaine endogamie (mot à prendre avec des pincettes). Ils sont plus actifs culturellement et économiquement que nous. Ils ont eu des parlementaires (dont Ernest Moutoussamy) et détiennent actuellement (mais pour combien de temps encore ?) la Région Guadeloupe. Ils ont essaimé dans toutes les professions.
   Quant à nous, nous formons tout juste une communauté cultuelle composée aussi de personnes d’origine différente. Nous possédons sept petits temples sis encore sur des Habitations-Plantations. Les Indiens et leurs descendants se sont vite mêlés, intégrés à la population d’accueil, à l’exemple de ma grand-mère paternelle. Nous avons essaimé dans les transports routiers, (nous avons inventé les transports publics dans le Nord), dans l’agriculture et maintenant dans l’enseignement et la fonction publique. Les moins de vingt-cinq ans commencent à interroger leurs parents sur la civilisation indienne et son apport à la Martinique. La majeure partie de ma génération s’étant délestée de son indianitude ou de sa coolitude pour s’élever dans la hiérarchie sociale. Mais on rencontre ce phénomène partout dans le monde où se trouvent des descendants d’Indiens. Certaines filles font du Bharata-natyam. Politiquement, nous avons le député-maire de la capitale (Serge Letchimy). Nous commençons à produire des ouvrages sur nous-mêmes. Nous avons organisé un voyage de groupe en Inde en 1994, avant les Guadeloupéens qui nous ont imités et repris fidèlement notre circuit l’année suivante (Rires).

  • IR :  Personnellement, vous percevez-vous identitairement comme un Indo-antillais ? Si oui, qu'est-ce que cela signifie, y compris au quotidien ? Sinon, comment définiriez-vous votre identité culturelle ?

CM : Je suis profondément Indo-Martiniquais. Je me définis comme un coolie-d’Habitation-Plantation. (Kouli-bitasiyon, en créole).
   L’Habitation-Plantation est le creuset de la culture martiniquaise. Là, vivaient presqu’en harmonie : Blancs-créoles (békés, souvent exploiteurs) Descendants d’esclaves africains, Descendants d’Indiens et même des familles de Français, puisqu’à cette époque il y avait une gendarmerie nationale. Je suis hindou. Je pratique l’hindouisme des villages du sud de l’Inde d’où sont venus mes aïeux.

  • IR :  Vous êtes-vous déjà intéressé à la culture indo-réunionnaise ? Existe-t-il selon vous une réalité indo-créole commune ?

CM : J’essaie de lire ce qui s’écrit sur la Réunion tant politiquement que culturellement. J’y ai quelques amis, mais malheureusement je n’y suis allé qu’une fois. Je suivrai l’exemple de mes fils qui aiment beaucoup ce pays. Lord Kossity y est d’ailleurs très apprécié. Il y tourne des clips. Je compte un jour m’y installer, le temps d’y écrire un roman. J’avoue être impressionné par la créativité musicale dont font preuve les Réunionnais avec les instruments de musique indiens tels le tapou et le matalom. Je n'en attends pas moins des artistes martiniquais.

  •  IR :  Et quel regard portez-vous sur l'Inde d'aujourd'hui ? Quels liens concrets vous unissent-ils à elle ?

CM : Je pense, comme le diplomate et écrivain Pavan K. Varma, que le XXIème siècle sera le siècle de l’Inde ; bien que le prix Nobel de littérature V. S Naipaul estime qu’il manque à ce pays un plus grand « dynamisme intellectuel ». J’ai un profond sentiment d’appartenance au socle civilisationnel indien. J’ai visité plusieurs fois l’Inde, j’y ai des amis et de la famille. Je compte m’y installer définitivement.

  • IR :  Quels sont vos projets, littéraires notamment ?

CM : J’ai deux manuscrits en cours. L’un a pour théâtre, Kos-City, la ville nouvelle que j’ai littérairement créée, et un autre, sur la monumentale épopée du Mahābhārata. Du contemporain et de l’intemporel.

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Le livre


PRINCESSE SITĀ
« AUX SOURCES DE L’EPOPEE DU RĀMĀYANA »
NOTE DE L’EDITEUR

Une langue choisie et inventive

Après « Eclats d’Inde », chronique incisive et touchante de l’arrivée et de la vie des premiers Indiens sur les habitations-plantations, dont le succès inspira la cinéaste Camille MODUECH pour son film : « Les 16 de Basse-Pointe » ; après « J’ai rêvé de Kos-City » dont le narrateur, un jeune architecte, nous entraîna à travers la planète en quête d’inspiration, avant de revenir dans son pays, un projet de construction d’une ville nouvelle dans la poche, pour tenter d’y casser le modèle colonial ; voici, dans une langue choisie et inventive, « Princesse Sitā », le nouveau livre de Camille MOUTOUSSAMY, paru lui aussi aux Editions l’Harmattan. Ce roman, à bien des égards et selon la démarche maintenant connue de l’auteur, se distingue de ce que nous livrent habituellement nos autres écrivains. Il se  veut un marqueur et une affirmation de la présence indienne cruellement absente de la création artistique voire des musées de son pays. Camille MOUTOUSSAMY chemine à rebrousse-poil des idées reçues et des théories hâtivement échafaudées. Gageons que le succès sera au bout de ses 274 pages de ce beau roman.

Sitā est une enfant-princesse qui berce des jours candides à Videha, le royaume de son père : le roi Janaka. Sa naissance reste cependant un mystère. Son destin lui échappe le jour où elle est mariée à Ramā, prince héritier putatif du puissant royaume d’Ayhodhyā sur lequel règne son vieux père : le Roi des rois Dasaratha. Elle devient dès lors, un des personnages centraux autour desquels s’élabore l’épopée du Rāmāyana : un des grands poèmes fondateurs de la civilisation indienne. Il fait cinq fois la Bible. « Tout ce qui est, est dans le Rāmāyana », disent les sages indiens. Voilà qui annonce ce que Camille MOUTOUSSAMY nous invite à comprendre et à partager : la vie quotidienne de l’homme, en ce qu’elle a de subjectivités et de réalités. Où qu’il naisse et vive, l’homme est mis en mouvement par des rêves, des passions, des ambitions, des actions, des désirs, des convoitises qui gouvernent sa vie et souvent celle des autres.

Destin croisé de trois femmes

« Princesse Sitā », c’est le destin croisé de trois femmes : une princesse (Sitā elle-même), une reine (Kaikeyi) et une esclave (Mantharā). Dans leur quête de pouvoir ou de légitimité, elles mettent face à face, d’un côté : l’amour, la fidélité, la sagesse, le renoncement, la foi, la vertu ; de l’autre : l’ambition, l’intrigue, l’imposture, l’usurpation, la trahison et les vices des humains, des démons et des dieux. La face du monde s’en trouvera-t-elle changée ? C’est la grande interrogation de ce roman à rebondissement incessants. Il est à la fois initiatique, éthique, écologique, avec quelquefois un parfum érotique. Il nous plonge au cœur de l’Inde antique — l’Inde des grandes conquêtes scientifiques et spirituelles — pour mieux nous faire comprendre pourquoi la renaissance de cette Inde-là (l’Inde éternelle et nouvelle à la fois) coïncide avec la naissance du troisième millénaire. Le diplomate et écrivain indien, Pavan K. Varma, va jusqu’à affirmer, lui, que le XXIe siècle sera le siècle de l’Inde : l’Inde, puissance démographique et économique ; l’Inde, puissance culturelle et spirituelle ; l’Inde, puissance nucléaire et spatiale ; l’Inde, puissance inclassifiable même par un Samuel Huntington ou un Francis Fukuyama qui ont étudié en profondeur toutes les civilisations, à l’exception de l’Inde précisément, dans leurs monumentaux best sellers : « Le choc des  civilisations » et « La fin de l’histoire et le dernier homme ».

Lecteur, vous serez acteur

Au moment où cette Inde s’invite inexorablement dans notre quotidien, le propos de « Princesse Sitā » est de contribuer à nourrir le débat et la réflexion qui en résultent, par la restitution ramassée et romanesque de ses textes-fleuves.

 Lecteur, vous serez tour à tour attendri et ému, passionné et fasciné, impuissant et révolté, amusé et réjoui. Comme les protagonistes, tantôt vous jubilerez, saliverez à l’évocation de mets raffinés, écraserez une larme ou épongerez des sueurs froides ; tantôt vous serez déconcerté, ébaubi, dubitatif, exaspéré ; mais vous serez toujours captivé et projeté dans un autre imaginaire : celui de personnages inattendus, attachants ou abominables ; celui de la démesure des cités et des palais ; de la magnificence des montagnes et des forêts ; de la diversité et de l’intelligence de la faune sauvage. Vous serez impressionné par l’impératif moral et la grandeur d’âme qui animent certains, consterné par le sens de l’opportunisme et du réalisme qui habite d’autres. Vous découvrirez ou redécouvrirez, avec intérêt, après les dieux morts de l’antiquité grecque et romaine, les dieux bien vivants de l’hindouisme. Vous apprendrez, avec soulagement, que la lutte pour le maintien de l’équilibre de la planète, aujourd’hui une priorité pour nous, a, de tous temps, été menée par des hommes de bonne volonté.

Un héritage culturel vivant

Mais pour Camille MOUTOUSSAMY et nombre de Martiniquais et Guadeloupéens, cet imaginaire appartient à l’imaginaire martiniquais et guadeloupéen depuis le 6 mai 1853 pour le premier et le 24 décembre 1854 pour le second. En effet, c’est à ces deux dates que débarquèrent les premiers Indiens à la Martinique et en Guadeloupe, où ils durent faire souche. Ils avaient dans leurs baluchons et dans leur tête, sinon le volumineux livre du Rāmāyana, du moins des fragments significatifs qu’ils ne cessèrent de mettre en scène, toute une nuit durant, sous forme de théâtre dansé et chanté connu sous le nom de Ramé-nadrom : l’épopée de Rāma. On y retrouve les mêmes personnages : les dieux, les héros, les humains, les animaux grimés et costumés pour restituer l’atmosphère et les enjeux de cette Inde éternelle et universelle, de cette Inde tout entière monument civilisationnel de l’humanité, a fortiori pour la Martinique et la Guadeloupe.

C’est une facette encore mal connue de la personnalité martiniquaise et guadeloupéenne que Camille MOUTOUSSAMY, touche après touche, roman après roman, s’emploie à mettre en lumière, avec la clairvoyance et la patience de l’artiste, la foi et la culture héritées de ses ancêtres.

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