Subramani Ravi Shankar :

"My works reflect my own interest in human experience"

    
  

   Originaire de Chennai et installé à présent près de Trivandrum, S. Ravi Shankar a présenté des expositions à maintes reprises, en Inde comme à l'étranger (notamment en Allemagne et Grande-Bretagne...). Ses oeuvres sont visibles aussi dans diverses galeries, en Suisse, et surtout en Inde, par exemple à la National Modern Art Gallery de New Delhi, ou encore, dans cette même ville, aux ambassades de France et du Brésil.
   Il répond ici à nos questions et propose un ensemble de photos de ses oeuvres, en particulier des clichés de peintures récentes et non encore exposées, réalisés par
Indes réunionnaises en juillet 2005 chez lui au Kerala.
  
  Mes remerciement à M. Cortès, Directeur de l'Alliance Française de Trivandrum, qui a rendu possible cette interview.


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Interview

  • IR : S. Ravi Shankar, please could you first introduce yourself to our visitors ?
      
    S. Ravi Shankar, pourriez-vous d'abord vous présenter à nos visiteurs ?


    SRS : Well my father
     C. L. Subramanyam, was a professional artist,  known for his Indian Style of works, my mother like any from our lower middle income group was a housewife.
    Triplicane, a small town within  Chennai was where I was born and had my formative years.   I remember being a  very reactive child through out my childhood. Honestly when I was young, I had no burning desire to become an artist. After my high school studies my parent’s  had a dream of making me  an Engineer. But I followed my elder brother and joined the College of Arts & Crafts Egmore in 1977.

       Eh bien,  mon père, C. L. Subramanyam, était artiste professionnel, connu pour son "Style indien" ; ma mère, comme n'importe quelle femme de notre milieu social - la partie la plus modeste de la classe moyenne - était femme au foyer. C'est à Triplicane, un quartier de Chennai, que je suis né et que j'ai passé mes années de formation. Je me souviens d'avoir été un enfant très vif
    durant toute mon enfance. Honnêtement, quand j'étais jeune, je n'avais aucune vocation ardente à devenir artiste. Après mes études secondaires, mes parents rêvaient que je devienne ingénieur. Mais j'ai suivi les traces de mon frère aîné et je me suis inscrit à la Faculté des Arts et Métiers d'Egmore, en 1977.
     

  • IR : Could you tell us more about your first steps into painting ?
      
    Pourriez-vous nous en dire davantage sur vos premiers pas en peinture ?


    SRS :
    The first two years in college were spent learning the theory of art which really did not interest me. I spent most of my time outdoors, with the birds and bees literally and thus communing with nature. Later I developed an interest in Print-making; the faculty head was kind enough to permit me to work in the Print-making studio. I used this opportunity to convert the hidden energy within me for constructive purposes by working extra time and indulging in experiments. The third year of my college was spent in animal study. A particular dwarf elephant in the Madras Zoological Park caught my attention. The result of this inspiration was a series of elephants which I tried in different media lasting for about four years.

      
    Mes deux premières années à la faculté ont été consacrées à l'étude théorique de l'art, qui vraiment ne m'intéressait pas. Je passais le plus clair de mon temps dehors, avec les oiseaux et les abeilles, littéralement, communiant ainsi avec la nature. Plus tard, je me suis intéressé à la
    gravure ; la direction de la faculté a eu l'amabilité de m'autoriser à travailler dans l'atelier de gravure. J'ai profité de l'occasion pour employer constructivement l'énergie cachée en moi, en faisant des heures supplémentaires et en me permettant des expériences. J'ai passé ma troisième année de faculté à l'étude des animaux. Mon attention fut retenue par un certain éléphant nain du zoo de Madras. Le résultat de cette inspiration fut une série d'éléphants, pour laquelle je me suis essayé à différents supports, et ce pendant cinq années environ.
     

  • IR : And what were the main stages in your artistic cursus, the most important moments for you ?
     
     Et quelles ont été les principales étapes de votre cursus artistique, quels ont été les moments les plus importants pour vous ?

    SRS :
    After graduating from college in 1985, I traveled around the country, visiting several exhibitions and attending workshops.
       Robby Douglas Turner, Painter & Filmmaker from Australia with whom I had a show in Chennai. He brought to the fore the energy within me.
       In 1987 at one of printmaking workshops – at the College of Fine Arts, Trivandrum -  I met Sajitha, a student of painting. I proposed to her, a proposal that she accepted. In 1988, we were married in Kottayam, Kerala.
       In 1990 we both moved to Cholamandal Artists’ Village and started our work.
       In 1996 I got a Charles Wallace Trust Award for Printmaking to study non-toxic printmaking techniques in Edinburgh.

       Après avoir été diplômé de la faculté en 1985, j'ai voyagé dans le pays, j'ai visité plusieurs expositions, et participé à des ateliers.
       Robby Douglas Turner, peintre et cinéaste australien avec qui j'avais présenté une exposition à Chennai,
    a fait ressortir l'énergie qui est en moi.
       En 1987, lors d'un atelier de gravure - à la Faculté des Beaux-Arts de Trivandrum - j'ai rencontré Sajitha, qui était étudiante en peinture. Je l'ai demandée en mariage, et elle a accepté. Nous nous sommes mariés en 1988 à Kottayam, dans le Kerala.
       En 1990 nous avons déménagé au village d'artistes de Cholamandal et nous avons commencé notre oeuvre.
       En 1996, j'ai remporté un
    Charles Wallace Trust Award dans la spécialité gravure, pour que j'étudie les techniques de gravure non toxique à Edimbourg.
     

  • IR : Do you recognize any master in arts ? Which painters do you admire ?
       Vous reconnaissez-vous des maîtres dans le domaine artistique ? Quels sont les peintres que vous admirez ?


    SRS :
    My first love was Joan Miro and Alberto Giacometti, also I’ve always admired children’s drawings. The artists I admire are K.G. Subramaniam, Bupen Kakhar, Jogen Chowdhury, Laxma Gaud and of course my wife Sajitha.R. Shankar.

       Mon premier amour artistique a été pour Joan Miro et Albert Giacometti ; j'ai aussi toujours admiré les dessins d'enfants. Les artistes que j'admire sont K. G. Subramaniam, Bupen Kakhar, Jorgen Chowdhury, Laxma Gaud et, bien sûr, mon épouse Sajitha R. Shankar.

  • IR : What are the influences and inspirations you assume ?
     
     Quelles sont les influences et les inspirations que vous revendiquez ?

    SRS :
    Frankly speaking I never tried to find out what are the kind of influences and where I get them from… because these things  always happens sub consciously. Of course every artist will have influence.  I am very free while painting, actually I have painted for a very long time without showing them to anybody, which I think let me grow in this freedom.
       I'm inspired by energy, and my childhood thoughts, just about anything can make me paint. Even unhappiness and not wanting to paint can drive me, the challenge of pushing myself to paint is something I enjoy. It is in fact these challenges which have brought out the best in me. My works reflect my own interest in human experience, and sometimes these paintings are little stories with which the viewer can amuse himself and imagine a context.

       Pour parler franchement, je n'ai jamais essayé de trouver quelles sont mes influences ni d'où elles viennent... parce que ces choses se produisent toujours de manière subconsciente. Bien sûr chaque artiste a ses influences. Je suis très libre quand je peins, j'ai peint pendant très longtemps sans montrer mes oeuvres à quiconque, ce qui m'a permis de m'accomplir
    dans cette liberté, je crois.
       Je suis inspiré par l'énergie, et les pensées de mon enfance, sur n'importe quoi, peuvent me faire peindre. Même la tristesse et l'absence de volonté de peindre peuvent m'y pousser : le défi à relever en me poussant à peindre est quelque chose à quoi je prends plaisir. Ce sont en fait ces défis qui m'ont permis d'exprimer ce que j'ai de meilleur en moi. Mes oeuvres reflètent l'intérêt personnel que je porte à l'expérience humaine, et parfois ces peintures sont de petites histoires avec lesquelles le spectateur peut s'amuser et dont il peut imaginer le contexte.

     

  • IR : Do you consider there is something typically Tamil or Indian in your art ?
      
    Considérez-vous qu'il y a quelque chose de typiquement tamoul ou indien dans votre art ?


    SRS : Of course I do have an identity. I did not force myself to paint to get the Identity. Again it happens sub consciously.  I feel it is important for every creative person.

     
    Bien sûr, j'ai une identité. Mais je ne me suis pas forcé à peindre pour avoir cette Identité. Cela aussi est arrivé inconsciemment. J'ai la sensation que c'est important pour tout créateur

     

  • IR : One who has a simple look at your works can easily see you have a predilection for characters, especially faces : could you give some comments and explanations about it, about the meaning of it ?
     
     Il semble, au premier coup d'oeil sur votre oeuvre, que vous ayez une prédilection pour les personnages, en particulier pour les visages : pourriez-vous nous donner quelques commentaires et explications à ce sujet, sur ce que cela signifie ?


    SRS :
    My works reflecting my own interest in human experience, and sometimes these paintings are little stories with which the viewer can amuse himself and imagine a context.
       I think it will be very apt here, to give the comment of my wife Sajitha Shankar on me and my work.

    “There are artists and artists but there are very few who would react positively to real situations, who would take up issues without being daunted by possible about repercussions, who would relentlessly and selflessly work for what they believe in. Ravi Shankar is one such, an artist who is also an activist.
       It was this one quality in him that drew me to him from the very day we met, many years ago.

       Ravi Shankar as an artist has also evolved from strength to strength over the years. Of late, his art has moved onto a mysterious spiritual plane, one that is quite complex. Medium has become immaterial to him to express his feelings; it can be wood, paper, canvas, or anything that is available. There is an informal and easy manner in the way he cuts, chisels, carves, draws or paints forms and shapes for he is only concerned about the final image that comes out of his mind.
       Today we are also aware that our tradition
    is not a foregone fact, or determinant.
       Perhaps it is time to be nostalgic… Nostalgia for a child’s world of wonder and glittering mysterious and magically alive. Perhaps it is time to go back in time, for one sees memories of his childhood and the experiences he had in the Tamil Nadu country side in his works these days.
       One also sees images of women in various moods and forms in his work. All these feminine forms are decorated with simple images of flowers, dragon flies, little birds and insects, all imageries that come from our rich tradition.
       I see his questioning mind in every image, I also see a sensitive artist in every frame."

    - Sajitha R. Shankar

       Comme je l'ai dit, mes oeuvres reflètent l'intérêt personnel que je porte à l'expérience humaine, et parfois ces peintures sont de petites histoires avec lesquelles le spectateur peut s'amuser et dont il peut imaginer le contexte.
       Je crois que le mieux est que je cite ici le commentaire de ma femme, Sajitha Shankar, à propos de mon oeuvre et de moi-même.

      "Il y a artistes et artistes, mais très peu d'entre eux sont capables de réagir positivement à des situations réelles, de soulever des questions épineuses sans être intimidé par les répercussions possibles, de travailler sans relâche et de façon désintéressée pour ce en quoi ils croient. Ravi Shankar fait partie de ces exceptions : artiste, mais aussi activiste.
       C'est cette qualité-là qui m'a attirée dès notre première rencontre, il y a de cela bien longtemps.
       En tant qu'artiste, Ravi Shankar a gagné en force, d'année en année. Dernièrement, son art s'est déplacé vers un plan spirituel et mystérieux, très complexe. Le support artistique - bois, papier, toile, ou quoi que ce soit à sa disposition - lui est devenu immatériel pour l'expression de ce qu'il ressent. Il y a quelque chose de simple et de facile dans sa manière de découper, ciseler, graver, dessiner ou peindre des formes et des figures, car la seule chose qui le préoccupe est l'image finale qui sort de son esprit.
       Aujourd'hui, nous avons aussi conscience que notre tradition n'est pas un fait oublié, ni déterminant.
       Peut-être le temps est-il venu d'être nostalgique... Nostalgie pour le monde de l'enfance, fait de merveilles, de mystères étincelants, un monde vivant par magie. Peut-être le temps est-il venu de remonter le temps, car on voit dans ses oeuvres maintenant des souvenirs de son enfance, et les expériences qu'il a connues dans la campagne du Tamil Nadu.
       On voit aussi dans son oeuvre des figures de femmes, d'états d'âme et de formes divers. Toutes ces formes féminines sont décorées avec de simples motifs de fleurs, de libellules, de petits oiseaux et d'insectes. Toute une imagerie puisée dans notre riche tradition.
       Moi, je vois son esprit s'interroger dans chacune de ces images, et je vois aussi un artiste sensible dans chaque tableau.

  • IR : On a more technical side, how do you work ?
     
     Sur un plan plus technique, comment travaillez-vous ?


    SRS : I started out my carreer as a print-maker, then for several years, I have been working almost exclusively with computer using digital tools. Then I began to shift away from that and started paintings especially acrylic colours, which allows me to spontaneously layer my thoughts and feelings until I find a sense of balance in the image.

      
    J'ai débuté ma carrière en tant que graveur, puis, pendant plusieurs années, j'ai travaillé presque exclusivement sur ordinateur, avec des outils digitaux. Puis j'ai commencé à m'éloigner de ces pratiques, et je me suis lancé dans la peinture, plus particulièrement les couleurs acryliques, qui me permettent de coucher sur le support mes pensées et mes sentiments avec spontanéité, jusqu'à ce que j'aie la sensation d'un équilibre dans l'image.

     

  • IR : Could you tell us more about your experiences in particular techniques, like digital painting, lithography, etching...?
       Pourriez-vous nous en dire plus sur votre expérience dans ces domaines techniques particuliers que sont la peinture digitale, la lithographie, l'eau-forte... ?


    SRS :
    After joining the College of Arts and Crafts, Chennai, I experimented with various media, though printmaking held a special fascination for me. I had tried out different types of printmaking such as serigraph, etching, intaglio, relief printing, stencil and blind embossing; in fact I had combined all these in a single work. When I won the Charles Wallace Trust fellowship to study non-toxic printmaking in Edinburgh. Then I moved to digital painting. But of late my interest has turned to acrylic painting. I find this medium suitable as it allows me to layer my thoughts and emotions as quickly as they occur.

     
     Après avoir rejoint la Faculté des Arts et Métiers, à Chennai, je me suis essayé à divers supports, même si j'ai gardé une fascination particulière pour la gravure.  J'ai essayé différentes sortes de gravure ; sérigraphie, eau-forte, l'intaille, l'impression en relief, le pochoir, le gaufrage aveugle ; en fait, j'ai combiné toutes ces choses dans une oeuvre unique. C'est alors que j'ai
    remporté le Charles Wallace Trust Award pour que j'étudie les techniques de gravure non toxique à Edimbourg. Alors je me suis lancé dans la peinture digitale. Mais récemment je me suis tourné vers la peinture acrylique. Je trouve que c'est le moyen qui me convient le mieux, parce qu'il me permet d'exprimer mes pensées et mes émotions comme elles viennent.
     

  • IR : And now, what are your projects ? Would you be interested in exhibitions, workshop or any other action in Reunion Island ?
      
    Et à présent, quels sont vos projets ? Seriez-vous intéressé par des expositions, des ateliers ou toute autre action à la Réunion ?


    SRS : Right now I want to do more works. If I get a chance to exhibit my works through a gallery or through somebody who will be interested, I will definitely consider as it comes. I cannot do it on my own. Of course if I get a chance to exhibit or join a workshop in Reunion Island I will be interested.

     
     Pour le moment, je tiens à produire davantage d'oeuvres. Si j'ai l'occasion d'exposer mes oeuvres dans une galerie, ou par l'intermédiaire d'une personne intéressée, je prendrai sans aucun doute la chose comme elle viendra. Je ne peux prendre en charge moi-même une telle initiative. Bien sûr, si j'ai l'occasion d'exposer ou de participer à un atelier à la Réunion, cela m'intéressera.

        Indes réunionnaises remercie Mme Annie MOUITY-NZAMBA pour sa contribution à la traduction française de cette interview.

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Site Internet

  

   Le site officiel de S. Ravi Shankar, uniquement en anglais, se trouve à cette adresse : www.ravishankar-fineart.com . On y trouve bien sûr avant tout des galeries de photos reproduisant un grand nombre de ses tableaux et autres travaux graphiques. Une section est consacrée à des informations biographiques, et une page de liens renvoie notamment à un autre site ( http://ravishankar.artshost.com/home.htm ) avec là encore de nombreuses photos.
   Vous pourrez trouver en ligne les prix à la vente des oeuvres de l'artiste.

     
 

 
  

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