Les fleurs et les plantes dans l'hindouisme


On va parler aujourd'hui de l'Hindouisme, et plus précisément, du rôle des fleurs et des plantes dans cet océan de traditions et de croyances originaires de l'Inde que l'on appelle généralement l'Hindouisme. Il n'est pas, à ma connaissance, d'autres religions parmi celles que l'on nomme les grandes traditions religieuses de ce monde, où les plantes et les fleurs jouent un rôle aussi primordial que dans l'Hindouisme. Cette religion, pour prendre un terme général, a non seulement influencé la culture indienne mais aussi toute la culture asiatique par l'intermédiaire de l'une de ses branches, le bouddhisme.

Qu'est ce que l'Hindouisme ?

L'Hindouisme est avant tout une recherche de la Vérité, de l'Infini, de la Plénitude, c'est-à-dire de soi-même. Dans les temps les plus anciens où le culte de l'homme par l'homme n'était pas encore aussi développé qu'aujourd'hui, la nature y jouait un rôle prépondérant. Les Indiens de l'époque n'ayant que la nature dans toute sa splendeur à contempler, ont voulu se mettre en harmonie avec le cosmos.

La Gîtâ dit qu'il y a quatre sortes de dévots :

La nature : une source d'inspiration ?

Dans toutes ces recherches, la nature a toujours été une source d'inspiration. En regardant le soleil, il y voyait une lumière indépendante de toute source d'énergie ; en observant le vent, il y voyait la liberté ou le non-attachement ; en observant les fleuves, il pouvait les considérer comme le flot de la vie ou des pensées, etc. Il voyait que les arbres donnent de l'ombre à qui en veut. Il voyait que les fleurs respiraient la santé et la beauté.

Évolution des pratiques religieuses

Au fur et à mesure que la société se développait, les différentes formes de vénération religieuse évoluaient aussi. Des invocations purement verbales, on est passé probablement aux rituels de plus en plus élaborés. Une classe de prêtres s'est créée et s'est spécialisée dans ces pratiques qui, plus tard, sont devenues une tradition, un art et même une science. Depuis toujours on a remarqué que "rien ne se perd et que tout se transforme" ! Même nos actions, nos paroles et nos pensées laissent des traces dans ce cosmos. En appliquant cette règle d'or, une philosophie, un yoga s'est développé car il fallait ne pas faire n'importe quoi, ne pas dire n'importe quelle parole et ne pas laisser n'importe quelle pensée apparaître dans son esprit. Ainsi un art de vivre basé sur le contrôle de soi s'est développé. Ceci a été appliqué aux "relations homme-Dieu". Ne pas offrir n'importe quoi et n'importe quand ! Les ritualistes ont découvert que chaque fleur, chaque plante avait une valeur, un symbole bien précis. Et c'est ainsi, à mon avis, que s'est développé le symbolisme des fleurs et des plantes dans l'Hindouisme.

Dans cette conférence de vulgarisation, nous ne pourrons pas malheureusement parler de tout mais nous allons limiter notre propos à certains domaines du sujet.

Deux principes fondamentaux

Les anciens Sages de l'Inde voyaient derrière toute existence, deux principes fondamentaux: le "purushah", la vie non-manifestée et la "prakrti", le principe de créativité. Tout le cosmos vient de l'union de ces deux aspects d'une même entité appelée Brahman ou l'Absolu. Selon les terminologies, on les appelle aussi Shiva-Shakti, le positif-négatif, le masculin-féminin, le yin-yang. En toute chose de cet univers, se trouve l'essence, la conscience latente, le "purushah", et en toute chose se trouve le pouvoir de manifestation, d'évolution, de développement, "prakrti". De ces deux aspects de l'Absolu est né l'Intelligence cosmique, Mahat, qui contient la semence de toutes les manifestations possibles dans l'univers. Inhérentes à Mahat se trouvent toutes les lois de la nature.

Mais cette intelligence, en évoluant dans des récipients matériels que nous appelons "sharîrah" ou corps, donne naissance au sentiment d'individualité que l'on nomme aussi l'ego ou "ahamkara", qui est le principe de division apparente, de multiplicité dans l'unité. A son tour, l'ego crée le mental conditionné et limité que l'on appelle "manas" qui crée autour de nous un champ protecteur dans lequel nous évoluons en tant qu'individu prêt à se défendre contre les attaques naturelles ou artificielles. Ainsi, nous entrons dans le domaine de l'action ou du karma non seulement pour entretenir nos enveloppes physiques ou mentales mais aussi pour défendre ou satisfaire les personnes ou les choses auxquelles nous attribuons une valeur du fait de nos attachements. Les savants ou les Sages de l'ancien temps ont remarqué que la "prakrti" se manifestait de trois façons différentes,selon trois modes ou gunas : Quand on reparle des trois "gunas"...

Il y a la manifestation d'harmonie, d'intelligence, de lumière et de perception que l'on appelle "sattva". Puis tout ce qui est énergie, activité, émotion et turbulence, que l'on nomme "rajas" et enfin tout ce qui entraîne l'inertie, l'obscurité, et la résistance, que les anciens ont appelé "tamas".

Ce même principe a été appliqué aux êtres vivants comme aux choses inertes. Et le but de l'évolution est comme on le dit en sanskrit: "Om asato ma sadgamaya/ tamaso ma jyotir gamaya/ mrityormâ-mritam gamaya! Om!" de l'irréel conduis-nous au Réel, de "tamas" mène-nous à la lumière et de la mort guide-nous vers l'immortalité !" De "tamas", de tout ce qui est inertie, inconscience, obscurité, non-manifestation, nous devons aller à la lumière, à la conscience à la manifestation la plus subtile de l'univers.

Les plantes et les fleurs ont donc aussi été classées dans ces groupes "sattva-rajas-tamas". Les valeurs que nous attribuons en général aux fleurs sont dues au fait de leurs formes, de leurs couleurs et du parfum qu'elles dégagent. Certaines fleurs ont une forme ravissante mais leurs couleurs ou parfums ne sont pas des plus beaux. D'autres ont de belles couleurs mais leurs formes n'inspirent pas beaucoup et enfin d'autres nous ravissent de par le parfum qu'elles émettent. Les ritualistes et les philosophes ont donc donné certaines valeurs, toutes relatives en fait, aux fleurs et aux plantes dont certaines sont devenus indispensables dans le symbolisme hindou.

De ces trois "gunas" ou caractéristiques "sattva-rajas-tamas", sont apparues les couleurs et leurs dégradés. Ainsi la couleur blanche des fleurs symbolise l'aspect "sattva", le rouge le rajas et le noir le "tamas". Je ne sais pas s'il existe sur terre une fleur naturellement noire mais, en tout cas, elle ne sera jamais utilisée dans l'Hindouisme de par la valeur tamasique de sa couleur.

Quelle fleur ? pour quel Dieu ?

Si nous prenons un rituel hindou que l'on appelle la "pûjâ" où l'Absolu est vénéré sous une forme mythologique bien précise en statue, image ou symbole ; après les rites de purification, nous invoquons toujours Vighneshwara, le "Seigneur des obstacles", en premier lieu. Les fleurs que nous lui offrons doivent toujours être de couleur blanche car elles symbolisent l'aspect sattvique de notre mental que nous devons avoir pour L'invoquer et Le réaliser. En effet, si nous avons un mental calme et serein, nous trouverons plus facilement les solutions pour éliminer les obstac1es que nous nous sommes créés par nos actions irréfléchies.

Les fleurs blanches sont aussi offertes à Shiva qui est l'incarnation même de "sattva" puisqu'il est souvent représenté sous la forme d'un yogi qui s'est purifié par les tapas, les austérités. Ces fleurs blanches sont aussi offertes à Sarasvati qui est la représentation de la connaissance. Aucune connaissance ne peut avoir lieu dans un mental inerte ou agité mais seulement dans un esprit éclairé et pur donc sâttvique. La couleur blanche est aussi associée à la déesse Mâriammen qui accorde la santé et la pluie.

Les fleurs rouges sont offertes surtout à Shakti, à l'aspect énergétique ou râjasique de l'Absolu. Nous devons noter au passage que la fleur la plus appréciée de Mourouga est le japakusuma ou l'hibiscus - car Mourouga est aussi Shakti puisqu'il est né de l'énergie spirituelle de Shiva.

Les fleurs jaunes sont offertes à Vishnou ou à ses manifestations que l'on appelle les avatâras tels Krishna ou Nârasimha, car Vishnou est le non-manifesté et la première forme de manifestation que nous percevons dans l'univers est la forme énergétique représentée par le feu dont la couleur des flammes est jaune.

Il est évident que plus la forme, plus le parfum et plus la couleur se approcheront de l'idéal préconisé "sattva" ou "rajas", plus la fleur sera acceptée comme digne d'être offerte à la Divinité.

Le symbolisme des formes des plantes

Après les couleurs, nous arrivons au symbolisme des formes :

La fleur de lotus

La fleur de lotus est peut-être le représentant de l'hindouisme qui a le plus voyagé par l'intermédiaire du bouddhisme. La forme d'une fleur indique en général l'épanouissement complet de l'individu tant au niveau physique que mental et spirituel car l'être humain, contrairement aux plantes et aux animaux, ne mûrit pas seulement physiquement.

La fleur de lotus plus que tout symbolise la sagesse. Le lotus qui naît dans la vase nourricière, n'y reste pas enfoui. Le lotus puise sa substance dans la vase mais s'épanouit à la lumière du soleil. De même le sage naît dans le monde matériel, y puise sa substance nourricière mais ne reste pas enfoui ans le monde matériel. Il s'élève au-delà des eaux qui représentent le mental t ses agitations. Il s'épanouît à la lumière de la Conscience pure.

Une des théories de la création selon l'Hindouisme est celle où le créateur Brahma est apparu d'un lotus dont la tige sort du nombril de Vishnou. Pour comprendre cette théorie, nous devons savoir que Vishnou signifie la Totalité, l'Absolu, le Non-manifesté. De cet Incréé apparaît à un moment donné et dans des conditions spécifiques, le germe de la création symbolisé ici par la tige de lotus est l'ego car sans lui, il n'y a pas de création - la preuve est que lorsque nous dormons, il n'y a pas de monde pour nous. Au réveil, l'individualité apparaît et le monde aussi. Mais dans le modèle mythologique, Brahma représente la totalité des forces cosmiques qui se mettent en branle pour créer l'univers. Cela ne peut être fait qu'avec une connaissance totale de tout ce qui peut exister dans l'univers. Cette connaissance totale est synonyme d'Existence, de Conscience et de Plénitude pures. Le lotus représente cet épanouissement spirituel qui est à la source les mondes subtils et matériels. Nous remarquerons au passage que le sommet de l'évolution spirituelle dans la pratique du kundalini-yoga est la réalisation spirituelle dans le sahasrâra-chakra représenté par un lotus à mille pétales.

Ailleurs, le lotus est consacré à Lakshmi, le symbole de la richesse et de la prospérité absolues, qui accorde l'abondance tant d'un point de vue matériel que spirituel.

La feuille du lotus flotte sur l'eau mais elle n'est pas mouillée. Parfois une goutte d'eau reste accrochée à la feuille mais au moindre vent, elle bascule et s'immerge dans l'eau. Cette goutte d'eau nous rappelle que la vie est éphémère et, qu'à n'importe quel instant, nous pouvons disparaître dans le néant. Tout comme la goutte a une forme et tombe ensuite dans le sans-forme, la vie manifestée dans le corps physique peut aussi retourner dans le non-manifesté que l'on appelle la mort. Maître Shankara dans un verset du texte sanskrit Bhaja Govindam nous rappelle cette réalité : "Nalinî dalagata jalam atitaralam / Tadwat jîvitam atishaya chapalam / Viddhi vyâdhyâbhimâna grastam / Lokam shokahatam cha samastam/" qu'on va traduire par "La vie est aussi incertaine que la goutte d'eau qui, sur le pétale de lotus, a une existence extrêmement éphémère. Comprends que même ce monde qui est consumé par la maladie et la vanité, est rempli de douleurs !"

Le banian

Après le lotus, je crois que le banian est un des arbres les plus symboliques de l'Hindouisme. il représente la source originelle de l'individu qui s'est pris dans son propre piège en laissant se développer les désirs. En effet, l'Ame universelle, le Parama Purusha, se manifeste dans les équipements individuels comme nous l'avons vu avant. Devenant extériorisé, l'individu ne se contente pas de rechercher sa propre sauvegarde, artha, mais recherche aussi à satisfaire les désirs, kâma, qui apparaissent du fait de l'insatisfaction qu'il ressent. il s'engage alors dans les actions, les karmas, qui laissent dans sa mémoire une empreinte que l'on appelle vâsana qui réapparaît dans son mental sous la forme de désir à satisfaire par d'autres karmas. Ainsi sa personnalité originelle se perd, étouffée par les vâsanas nés des désirs sans fin que l'on essaie de satisfaire dans le monde matériel appelé le samsâra.

Le banian représente donc cet individu, vous et moi, car de la tige originelle apparaissent des branches d'où émergent des racines adventives aériennes et verticales qui se renforcent au contact du sol. Les racines aériennes deviennent ensuite de puissants troncs qui enlacent et cachent le premier tronc. Mais celles-ci sont visibles et peuvent donc être coupées avant de toucher le sol. Par contre les racines souterraines n'étant pas visibles, ses ramifications partent partout dans le sol et peuvent détruire la vie alentour. Plus il y aura de tronc, plus il faudra les nourrir donc s'engager dans la bataille de la vie.

Le Sage est celui qui ne laisse pas le banian de ses désirs pousser, il les élague en utilisant la hache de la buddhi, de l'intelligence. Il ne recherche pas à se développer mais reste dans son soi originel qui est le foyer de la plénitude. Dans le chapître XV de la Gîtâ, l'image du banian est utilisée autrement : "Il est un arbre impérissable dont les racines sont en haut et les branches en bas, dit-on; ses feuilles sont les hymnes védiques. Celui qui connaît cela est un connaisseur du Véda ! Ses branches jaillissent vers le haut et vers le bas, nourries par les gunas; les objets des sens sont ses bourgeons, ses racines se prolongent vers le bas, provoquant les actions dans le monde des humains !"

Dans ce verset, il s'agit d'une description du monde manifesté dont les racines se plongent dans le non-manifesté. Le monde manifesté est le domaine où coule ce que nous appelons le fleuve de la vie, le flot des expériences que nous avons tous dès notre conception et ce, jusqu'à notre disparition de ce monde.

Les fleurs d'hibiscus

Dans certaines régions de l'Inde, les fleurs d'hibiscus sont consacrées à Ganesha et dans d'autres régions, principalement le Tamil Nâdou, à Mourouga. L'offrande de ses fleurs est efficace lorsqu'on fait "l'archana", c'est-à-dire lorsqu'on offre les fleurs en récitant les mantras ou les formules sacrées. Elles sont supposées rendre les mantras efficaces et faire obtenir les siddhis, des pouvoirs occultes. Les décoctions de fleurs d'hibiscus aident à purifier le sang et le coeur. Elles améliorent la qualité de la peau et des cheveux. Elles sont efficaces dans les problèmes de saignement excessif lors des règles, dit-on.

Les fleurs de jasmin

Les fleurs de jasmin sont, comme nous l'avons vu, offertes lors des pûjâs ou cérémonies hindoues, à cause de leur couleur blanche et de leur parfum. Ce sont des fleurs dites sâttwika. Elles accroissent l'amour pur et la compassion. On dit qu'elles influencent le psychisme des humains et rendent le mental réceptif; elles aident à recevoir et à faire radier les vibrations des mantras. Elles se combinent bien avec la pâte de santal dans la plupart des cas.

Le Cocotier

Il est un autre arbre dont les fruits ont une haute valeur symbolique; il s'agit du cocotier qui se nourrit par le bas et qui restitue son eau et ses noix par la tête. il s'agit ici, à mon avis, du même symbolisme que celui du lotus.

Le tulasi ou basilic

Une autre plante très vénérée dans l'Hindouisme est le tulasi ou le basilic. C'est après le lotus, probablement la plante la plus sacrée de l'Inde. Il est associé à la qualité "sattva". On dit que le tulasi ouvre le coeur et l'esprit; il accorde l'énergie de l'amour et de la dévotion. Consacré à Vishnou, il renforce la foi, la compassion et la clarté intellectuelle. On fait des colliers et des chapelets du bois de tulasi. En les utilisant ou en les portant, le fidèle renforce son système immunitaire. On dit qu'il contient du mercure naturel.

Toute maison traditionnelle hindoue maintient toujours une plante de tulasi que l'on arrose avec vénération car elle a une influence positive sur son environnement immédiat. Le tulasi absorbe les ions positifs, énergétise les ions négatifs et libère l'ozone lorsqu'il est en contact avec la lumière solaire. Quoi qu'il en soit, le tulasi est efficace dans le traitement des refroidissements, des grippes et des problèmes pulmonaires. On retire une huile utilisée pour les problèmes que nous venons de mentionner mais aussi pour les rhumatismes. Une pâte faite avec ses feuilles est utilisée comme remède dans le traitement des champignons cutanés.

Le camphre

Bien qu'il ne nous est pas possible de traiter de tout ici, je voudrai quand même mentionner le rôle que le camphre naturel joue dans l'Hindouisme. En plus de ses effets positifs sur le système respiratoire et nerveux, etc, la résine du camphrier est utilisée dans les rituels principalement lors de l'offrande de lumière que l'on appelle "ârati" ou "karpûra dîpa darshana". Les morceaux de camphre naturel allumés représentent les âmes individuelles qui dans le feu de la connaissance s'immergent dans l'Absolu pour ne laisser aucune trace. Le camphre artificiel que nous utilisons dans nos cérémonies modernes laisse toujours une trace noire mais pas le camphre naturel. Cela symbolise que le mental de l'individu ne cache plus rien, ni au niveau conscient ni dans son subconscient ; tout a été consumé dans le feu de la dévotion ou de la connaissance.

Le santal

Le santal est utilisé pour rafraîchir le corps et calmer le mental. C'est la raison pour laquelle les Hindous utilisent la pâte de bois de santal pour s'appliquer ce que l'on appelle le "tilaka", le point ou la marque frontale. Pour ceux qui ont des problèmes de concentration, lorsque l'on se marque ainsi le front et que l'on médite, la pâte de santal en séchant contracte la peau au niveau de ce que l'on appelle le "troisième oeil" et crée ainsi une sensation qui aide à la concentration. Pour ceux qui sont avancés dans la méditation, la pâte de santal calme les sensations de chaleur. Elle est d'ailleurs associée à Vishnou qui est supposé aimer le bain au santal dont le parfum est apprécié de par le monde.

Le curcuma

Le kumkuma ou le curcuma que l'on appelait auparavant le safran à la Réunion, a aussi une place importante dans l'Hindouisme. Non seulement il aide la digestion en améliorant la flore intestinale, mais il est efficace dans la purification du sang en le réchauffant mais aussi aide à la formation de nouveaux tissus.

D'un point de vue religieux, le kumkuma est associé à Pârvatî qui, de la pâte de safran qu'elle avait retirée de son corps, a créé Ganesha. C'est la raison pour laquelle ce dernier est souvent représenté dans les cérémonies hindoues par un cône de kumkuma. Le curcuma est aussi utilisé comme purificateur et colorant des ingrédients tels le riz et l'eau que l'on utilise dans les rituels. Nous noterons au passage que les Indiennes utilisent le kumkuma comme crème cosmétique pour le visage, du fait de son effet purificateur.

Dans le yoga, le kumkuma est utilisé pour la purification des nâdis ou canaux du corps subtil permettant ainsi l'énergie spirituelle subtile appelée Kundalini d'évoluer. D'ailleurs la kundalini est un aspect de Shakti comme nous l'avons vu auparavant.

Le lilas de l'Inde

Le lilas de l'Inde (nîm en hindi et veppilai en tamoul) est utilisé pour ceux qui veulent se purifier tant physiquement que spirituellement. Lors des cérémonies préparatoires des marches sur le feu, les pénitents parfois dorment sur des lits de feuilles de nîm pour marquer leur sincérité, leur renoncement au confort et surtout pour se purifier; cela se remarque aussi dans le karagam que l'on appelle le karlon à la Réunion que les pénitents portent en marchant sur le feu. En effet, les feuilles de nîm contiennent de puissants agents purificateurs du sang et de désintoxication. Ils éliminent les toxines et aident à la guérison des plaies. Un laboratoire près de Bangalore, la capitale du Karnataka, en Inde, a découvert que les graines de nîm contenaient des agents insecticides écologiques qui pouvaient détruire prés d'une centaine de variétés d'insectes. L'Inde est devenu donc le premier producteur mondial de cet insecticide écologique.

Les Indiens savent d'ailleurs depuis fort longtemps utiliser les branches du nîm comme brosse à dents en les mâchant. Ainsi ils respectent la publicité pour un dentifrice ayurvédique : "Pourquoi commencer la journée par une bouchée de produits chimiques?"

Une autre plante herbacée utilisée dans les rituels hindous, principalement dans le rite du feu appelé yâga, ici yâgom, est l'herbe darbha ou darbhai, ici telpé. Cette herbe sert bien souvent de fil conducteur entre une source et une arrivée d'énergie. Elle est aussi utilisée sur les pots rituels appelés kumbhas, dans lesquels sont invoquées diverses divinités.

Le chiendent

Une petite plante que l'on trouve partout et que l'on oublie bien souvent les bienfaits est le chiendent que l'on offre à Ganesha, peut-être parce que c'est l'herbe préférée des pachydermes puisque Ganesha a une tête d'éléphant. Dans la Shri Siddhi Vinâyaka pûjâ, il est dit : "Gaurî putra namasté-stu dûrvâ padmâdi samyutam/ Bhaktyâ pâdyam mayâ dattam grihâna dwaradânana / Siddhi Vinâyakâya namah / Pâdyam samarpayâmi/" ce que l'on peut traduire par "Hommage à Toi, fils de la Blanche déesse, ô Toi qui as le visage à deux défenses, accepte l'eau au chiendent et aux lotus pour les pieds que j'offre avec dévotion !"

En conclusion nous pouvons dire que l'Hindouisme directement ou indirectement est une religion naturelle pour ne pas dire écologique. N'étant pas fondé par un personnage historique, il a su rester près de la nature en se servant des bijoux de la terre que sont les plantes et les fleurs. Si l'homme est le joyau de la création, il devient bien souvent comme le banian qui perd ses origines en courant après la satisfaction de désirs trompeurs. Souhaitons que les fleurs et les plantes nous apprendrons à être modestes et réalistes et surtout souhaitons que les hommes ne seront pas assez fous pour détruire leur environnement en oubliant les immenses bienfaits que nous procure Déesse Nature.

(Conférence donnée au Nouvel An Tamoul par le Swami ADWAYANANDA SARASWATI de l'Ashram du Port. Article publié sur le site http://www.indeenfrance.com/reunion.php et reproduit ici avec l'accord de son webmestre). © Swami Adwyananda Saraswati - 2009

AJOUTER
ce site à vos favoris

AWARDS
- Voir les récompenses de ce site


Remerciements

Nos Partenaires

Assurances La Réunion