Philippe Morel
Facteur d'instruments
traditionnels
    
  
Philippe Morel fabrique et vend depuis des années des instruments traditionnels réunionnais, notamment des percussions appartenant aux traditions d'origine indienne. Il nous parle de son métier... mais pas seulement.

Interview           

Fabrication
des instruments

         

 Site Internet


Interview

  • IR : Philippe Morel, pouvez-vous d'abord vous présenter aux visiteurs du site Indes réunionnaises ?

PhM : Depuis maintenant dix ans, je me suis lancé dans la fabrication artisanale d’instruments de musique traditionnels réunionnais, à savoir "rouler, kayamb, bobre, piker…",   mais également d’instruments d’origine indienne. Pour moi ces derniers font partie de notre patrimoine musical local. Après avoir été animateur, puis éducateur, la fabrication des instruments et la musique en général occupent actuellement le plus clair de mon temps.

  • IR : Qu'est-ce qui vous a attiré vers cette fabrication d'instruments traditionnels, et notamment d'instruments d'origine indienne ?

PhM : Ma passion pour les instruments de musique a démarré avec l’animation socio-éducative dans laquelle j’ai baigné très tôt (depuis l’âge de 7 ans en y accompagnant mon père) et où j’ai travaillé dès ma vie active. Mais la musique traditionnelle, le maloya en particulier, était interdite (jusqu’aux années '80). Je n’ai véritablement découvert le maloya que vers l’âge de 17/18 ans et, dès lors, il y a eu un déclic. J’ai également rencontré Danyèl Waro, un des maîtres incontestés du maloya. A l’occasion d’un petit stage effectué auprès de lui, j’ai été initié à la fabrication des instruments traditionnels et surtout des instruments indiens dans un premier temps. L’expérience m’a tellement plu et surtout m’a tellement fait réfléchir, que j’ai abandonné l’animation pour en faire mon métier.

  • IR : Comment vous êtes-vous personnellement formé à la fabrication des tambours malbars et des morlons ? Avez-vous utilisé une documentation particulière ? Avez-vous reçu une formation pratique d'un autre artisan ?...

PhM : Comme je le disais donc, c’est Danyèl Waro qui m’a initié à la confection de ces instruments. J’ai pu rencontrer également des anciens, qui m’ont donné quelques techniques, et puis j’ai expérimenté. Quelques ouvrages sur la tannerie artisanale, sur les instruments africains et indiens, m’ont bien aidé également pour les techniques de fabrication. Malheureusement, il n’y a très peu d’écrits localement, et j’ai du ainsi faire beaucoup d’essais d’après quelques lithographies et ce que j’ai pu voir dans les manifestations autour de la musique (processions et cérémonies tamoules par exemple).

  • IR : Quelles sont les particularités des instruments d'origine indienne par rapport aux autres instruments que vous connaissez ?

PhM : Disons qu’à la Réunion, les instruments d’origine indienne ont été "tabous" jusqu’à il y a peu, plus par méconnaissance qu’autre chose, la communauté indienne inspirant à la fois crainte et respect, et leurs instruments étant justement consacrés au culte. Au fil du temps, je me suis aperçu de la volonté des Indiens de partager et de faire connaître leur culture. Aujourd’hui je suis fier de fabriquer ces instruments et j’aspire à me perfectionner davantage.

  • IR : Existe-t-il à la Réunion d'autres artisans fabriquant des tambours malbars, des morlons, voire d'autres instruments traditionnels "indiens" ?

PhM : Malheureusement, nous ne sommes pas nombreux à vivre de cet art, deux ou trois peut-être pour qui la fabrication d’instruments de musique représente l’activité principale. Par contre, je sais que les "Malbars" (c’est comme ça qu’on appelle les Indiens chez nous) fabriquent souvent eux-mêmes leurs instruments pour leurs propres besoins (cérémonies, processions,…) et que les plus jeunes sont initiés tant à la fabrication qu’à l’utilisation des instruments au sein de la communauté.

  • IR : Quelle est votre clientèle pour ces instruments ?

PhM : Les Malbars fabriquant souvent eux même leurs instruments, je n’ai pas souvent l’occasion de leur en vendre. Mes principaux visiteurs et clients sont donc les formations musicales locales, les touristes et les collectionneurs, directement à l’atelier ou lorsque je participe à des expositions artisanales.

  • IR : Votre métier vous a forcément donné un regard particulier, privilégié peut-être, sur le milieu malbar : quel est votre point de vue sur cette partie "indienne" de la culture réunionnaise, sur ses spécificités, ses rapports avec l'ensemble de la culture de l'île ?

PhM : Je dirais que la culture indienne est très présente et importante sur notre île. La communauté indienne est ouverte et très respectueuse envers les autres communautés et religions et ne demande qu’à partager pour peu qu’on s’y intéresse. Beaucoup de gens sont encore un peu méfiants, malheureusement à cause des vieilles suspicions de sorcellerie et autres maléfices qui ne sont fondés que sur des croyances ancestrales. Mais depuis quelques années, on assiste à une ouverture de la communauté indienne vers les autres, mais aussi à une "curiosité populaire" qui fait que les gens se rencontrent, assistent aux cérémonies par exemple… et depuis quelques années on célèbre le dipavali où tout le monde est invité… Les médias participent plus facilement également, avec pas mal de reportages notamment. Au niveau musical, il commence à y avoir des mélanges : des formations de maloya utilisent des instruments indiens surtout les tambours malbars, les morlons et matalons, et même le oulké, et tout cela dans le plus grand respect des traditions indiennes.

A lire aussi : cet article du JIR

 

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Fabrication des instruments

   Philippe Morel nous propose, en quelques images, d'observer plusieurs étapes du processus de fabrication des percussions indiennes.


Technique de préparation d'un fût pour un morlon ou un matalon.

 


Fouille d'un fût


Montage-collage par un
système de lattes de bois



Préparation des peaux (trempage puis grattage),
avant montage des instruments.

    


Découpe d'une peau déjà traitée

  


Tressage d'un tambour malbar



Matalom

          


Tambour malbar

    


Morlon

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Site Internet

     Afin de faire connaître ses activités, Philippe Morel a mis en ligne un site Internet : Run-tamtam. Son adresse : http://www.runtamtam.com
     Vous pourrez y visiter son atelier et en apprendre davantage sur la fabrication des instruments ; vous y trouverez des informations sur les expositions prévues ; vous aurez accès à la rubrique "boutique" qui vous indiquera les prix des divers instruments en vente ; enfin vous pourrez même écouter deux extraits du CD Planaz, présenté sur une page spéciale.
   

 

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