ANANDA DEVI

L'Arbre fouet

    

  
  

   "Mais moi je n'ai rien d'autre à faire que tenter de remonter le temps, d'établir d'évasives correspondances entre les moments écarquillés de ma mémoire, ce foisonnement hivernal de branches dénudées, d'envies, de peurs informulées. Il est temps que je me consacre à ma quête" (chapitre VI). Ainsi Aeena, "la Gungi", narratrice noueuse et vibrante de L'Arbre fouet, évoque-t-elle l'état et le projet qui font la trame du livre comme l'épaisseur de son personnage.
   La quête quasi psychanalytique aux sources du mal entraîne la jeune femme du grenier peuplé de fantômes aux profondeurs ossuaires de l'étang :  le karma implacable, aux remous vaseux et limpides, aux clapotis obsessionnels, aux effluves parricides où tressaille le reflet de Dévika, cet autre moi.

  
  

     Mais la quête d'Aeena est aussi, comme toujours chez Ananda Devi, une rébellion dont les cibles ne nous surprendront pas. Deux images notamment, résumées par l'image de l'arbre fouet - "où sont crucifiées de vie en vie les filles maudites" - sont à brûler : celle du père tyrannique, brahmane imbu de sa caste, prisonnier de ses préjugés autant que geôlier régnant sur un ordre sclérosé ; celle du pouvoir constricteur de la religion, cet hindouisme formaliste, exsangue et calciné qui oublie qu'"il n'y a de dieu que l'univers..." et s'impose par le traumatisme.
   Retenons également cet autre personnage, sorti non sans humour de l'univers baba du début des années '70 : Jérôme, gourou européen fondateur d'un ashram à Maurice, courant d'illusion en échec, généreux et naïf. Il apportera sa part de spiritualité et de sensualité à une existence qui, dans son avidité régénératrice de ces nourritures, le détruira un peu plus...

 

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