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Interview de Pierre Bois

Les marionnettes indiennes sur la Toile


Introduction

 

    Il est probable que les spectacles de marionnettes existent en Asie du sud depuis au moins quelque 3000 ans. Certains objets - des figurines de terre cuite, notamment l'une d'elles représentant un zébu - retrouvés dans des sites de la civilisation de l'Indus étaient peut-être utilisés comme marionnettes, ce qui nous renvoie alors non plus à 3000 ans, mais à 4500 ans ! Toujours est-il que ces spectacles auraient précédé le théâtre lui-même, ce que semble confirmer l'appellation de sutradhara - "celui qui tire les fils", terme utilisé dans le fameux Natya Shastra -  pour parler du metteur en

 

scène d'un spectacle de théâtre. Le Râmâyana et le Mahâbhârata (1) ont certainement compté parmi les premières et surtout les plus fécondes sources d'inspiration des marionnettistes, de l'Inde jusqu'à l'Indonésie, ce qui laisse clairement comprendre que les racines du spectacle de marionnettes en Inde sont mythologico religieuses. Encore de nos jours c'est souvent dans le cadre de fêtes religieuses que se donnent les spectacles, et des cérémonies particulières, notamment destinées à Ganesh, marquent le début des représentations.
   Cependant cette origine sacrée et ses prolongements actuels ne doivent pas faire oublier que le spectacle de marionnettes indiennes s'est assez rapidement accompagné d'éléments profanes, qui ont pu - situation comparable à ce qu'a connu par exemple le théâtre médiéval français - tourner au comique, et même à la bouffonnerie avec un personnage tel que Vidouchaka (2) par exemple.
   Il est à noter par ailleurs qu'en pays tamoul, le Roman de l'Anneau, Shilapaddikâram - d'Ilangô Adigal évoque lui aussi, au Vème siècle, les spectacles de marionnettes. Mais, parmi les textes anciens, c'est dans le Kâmasûtra de Vâtsyâyana que l'on sera peut-être surpris de trouver le plus d'informations sur les marionnettes et leur fabrication, à partir d'éléments divers (tissus, cire d'abeilles, farine, argile, cornes animales...). Selon l'auteur, les spectacles de marionnettes étaient un excellent moyen de divertir les demoiselles !

   Plusieurs régions en Inde sont particulièrement réputées pour leurs marionnettes : le Tamil Nadu (Tholu Bommalattam : theâtre d'ombres ; pava kôthu : marionnettes à gaine), le Karnataka (chinni patti, gombeatta...), et surtout le Rajasthan avec les marionnettes de kâthpulî. Mais de nombreux autres états de l'Union possèdent également leurs traditions. Il existe quatre types de base : les marionnettes à gaines, les marionnettes à fils, à baguettes, et celles qui sont utilisées pour le théâtre d'ombres.
   Certains magiciens de rue utilisent aussi des personnages assimilables à des marionnettes : ainsi le
Dhanu-Shara Manisha (l'homme avec un arc et une flèche) dans l'Orissa. Cette marionnette de bois est placée face au prestidigitateur et, à la fin de son spectacle, elle tire sa flèche... Des textes anciens évoquent également des spectacles mixtes, mêlant acteurs et marionnettes ; c'est la cas pour la pièce Balaramayana, du Xème siècle, ou les personnages de Sita et Sundarika, sa belle-soeur, étaient incarnés par des poupées animées.

     L'art des marionnettes étant bien vivant en inde, il s'y exprime une créativité qui va bien sûr au-delà des traditions. C'est notamment au début des années 1950 qu'un vent de nouveauté s'est mis à souffler sur le petit monde des marionnettes indiennes, notamment avec des pionniers tels que Raghunath Goswami créateur du studio Putulpuri à Kolkata, le Maître Madhulal à Mumbai avec son groupe Indian Institute of Puppet, Devilal Samar à udaipur au Rajasthan, fondateur du centre Bharatiya Lok Kala Mandal, et Meher Rustom Contractor à Ahmedabad qui eut l'initiative de doter la Darpana Academy of Performing Arts d'une branche consacrée aux marionnettes. les évolutions on aussi bien touché la fabrication et l'apparence des marionnettes que les scénarios des spectacles. Bien évidemment, ces formes contemporaines coexistent avec les spectacles les plus traditionnels.


(1) : Le Mahâbhârata fait lui-même allusion à des marionnettes, ce qui prouve que leur existence est antérieure à son élaboration.

(2) : Voici commet est décrite la marionnette Vidouchaka : "C’est un brahmane, nain et bossu, avec d’énormes dents, des yeux jaunes et complètement chauve. Il est ridicule par ses expressions, son costume et surtout sa goinfrerie. Il est concupiscent et lubrique, très bête mais très rusé. Moqueur et grossier ; il bat tout le monde ; il s’exprime en langage pracrit au lieu du sanscrit qui était la langue des brahmanes."

 

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