Une histoire deux fois millénaire

Tamouls de Jaffna et Tamouls des Hautes Terres

Des affres de la guerre aux portes de la paix

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     Les différences sont encore aujourd'hui nettes et nombreuses entre les deux groupes. Certes la langue (le tamoul) est commune, à quelques variantes près, mais le passé et les origines sociales sont bien distincts, expliquant l'existence d'un réel fossé, à tel point que les deux communautés ne se mélangent guère, même si elles peuvent cohabiter dans une grande ville comme Colombo. La carte ci-contre permettra d'ailleurs de comprendre en partie que les deux groupes n'ont guère l'occasion de se côtoyer, dans la mesure où leur répartition géographique dessine des zones d'implantation bien différenciées. Disons pour simplifier que les "Tamouls de Jaffna" se situent essentiellement au nord et à l'est, sur le littoral, tandis que ceux "des Hautes Terres" se concentrent dans la région centre-sud, au sud de Kandy et autour de Nuwara-Eliya où se trouvent les plantations de thé.

     Les "Tamouls de Jaffna" appartiennent très généralement à des castes supérieures, d'où un assez fréquent mépris manifesté à l'égard de leurs cousins du "Hill Country". Majoritairement hindous, ils pratiquent une religion très comparable à celle des brâhmanes indiens, du Tamil Nadu en particulier. Les lieux de culte sont des temples souvent de dimensions importantes, à rapprocher des temples urbains de la Réunion - celui de l'avenue Maréchal-Leclerc à Saint-Denis ou celui de Saint-Louis par exemple. Le végétarianisme est fréquent et les grandes dates du calendrier hindou donnent lieu à des célébrations d'une certaine ampleur, notamment le Pongal en janvier. Socialement, nombre de ces "Tamouls de Jaffna" ont pu constituer de par le passé - et constituent fréquemment encore - une élite indispensable aux rouages de la société sri lankaise. Le degré d'instruction est élevé et la réputation de dynamisme, de finesse et d'efficacité, notamment dans le domaine professionnel, n'est plus à faire...

   Il en va bien autrement des "Tamouls indiens", issus de castes inférieures, voire intouchables, et traditionnellement "utilisés" comme basse main-d'œuvre. L'exemple sans doute le plus typique et le plus visible est sans doute celui des célèbres cueilleuses de thé, souriant sur de superbes cartes postales et servant de modèles à des poupées pour touristes, mais dont l'ordinaire n'est guère reluisant. Nous le disions, des comparaisons peuvent aisément être établies avec les engagés du sucre à la Réunion, mais si la situation des descendants de ces derniers a beaucoup évolué depuis un siècle et demi, tel n'est pas le cas au flanc des montagnes où pousse le thé de Ceylan. Ici, la langue, les traditions vestimentaires et quotidiennes sont demeurées, il est vrai dans un contexte humain, économique, politique et social fort différent de celui du département français. Il n'en est pas moins vrai que sur le plan religieux - domaine que les Indo-réunionnais ont eu à cœur de préserver - les ressemblances sont frappantes : l'on pratique un hindouisme populaire et rural, dans lequel les divinités féminines telles que Mâryammâ ou Kâli jouent un rôle majeur.

Répartitions ethnique et confessionnelle
de la population sri lankaise

*Notamment Burghers et Veddas