2-Esclaves (domestiques) ou Engagés

A La Réunion, les premiers à porter l’honneur nominatif indien à La Réunion  ce sont probablement des esclaves. On a pu pour des raisons de commodité les appeler des domestiques. Mais s’ils étaient esclaves, comment expliquer le fait qu’ils portaient un nom ou un prénom indien ? Sur la base des travaux du Professeur Sudel Fuma, historien et vice doyen de la Faculté de Lettres de l’Université de La Réunion, nous savons que tous les esclaves indiens n’étaient pas logés à la même enseigne. Certains d’entre eux conservaient une certaine forme de nom indien, d’autres étaient affublés des mêmes noms ridicules, nés de l’imagination fertile des grands propriétaires Créoles.

Sudel Fuma a rappelé le procédé utilisé par les services d’état civil des mairies. La nomination était fonction des lettres de l’alphabet. L’arrêté d’affranchissement du 16 avril 1832, fixait les noms de bénéficiaires qui commencent par la lettre A.  Le prénom pouvait aussi se transformer en Nom.

Ex : un esclave possède le prénom Alidor, affranchi il conservera Alidor comme  nom de famille. Un malais est affranchi, il s’appellera Louis Malais. Un Indien, portera le nom Indiana…  Si les patronymes des noirs étaient francisés[2], ils ne respectaient pas la personnalité ethnique de chaque individu. Le caractère imagé de ces noms souvent ridicules marquait l’affranchi et ses descendants d’une tâche indélébile. Juliette, esclave née en Inde, eut le nom de Poussevite, et un autre Indien Joseph, celui de tocquay. Le nom de famille des anciens esclaves s’est constitué entre 1815 et le 20 décembre 1848. Hubert Gerbeau a expliqué que lorsque les noms des plus ridicules étaient épuisés, on les inversait.

Plus tard avec l’engagisme, les noms seront encadrés par des mesures « plus souples ». Rappelons-nous que l’engagisme officialisé par les conventions franco-britanniques de 1860 et 1861, a débuté dès 1828, avec un premier accord qui a permis d’introduire 15 Télinga à la Réunion.

En revanche rien ne sera fait pour le transfert (partiel ou intégral) des noms dans la Colonie. On introduit les Hommes pour le travail dans les champs, dans les usines et dans les grandes familles, mais on ne s’enquiert guère de leur état-civil, si ce n’est que pour s’inquiéter de leur absence ou du renouvellement de leur contrat. Il serait fastidieux de rappeler ici les dizaines de conflits engendrés par la légèreté avec laquelle est appréhendée la question des noms des Indiens.

      Les agents de l’Immigration éprouvent de sérieuses difficultés pour restituer exactement le nom des individus. Le 28 janvier 1873, l’un d’eux relève assez fidèlement le nom de Sevicaounden Moutoucaounden mais il orthographie ainsi le nom d’un autre indien Madarassin, qui s’appelle en réalité Nadarasin. Sevicaounden Moutoucaounden et Nadarassin Simbalingom font une demande de renouvellement de permis de séjour à Ste Marie.

      En 1896, le consul anglais Bennett, saisit le gouverneur de La Réunion, car une dispense d’engagement octroyée quelques jours plus tôt à Selly (ou Sally) Papounaick, a été retiré à cette dernière. Selly souffre de rhumatisme chronique, ainsi que l’affirme le Docteur Mac Auliffe. Son compagnon Mounigan, affirme qu’il se chargera de ses besoins. Le fils, Naramsamy (ou Narianin) a été l’objet d’une taxe de capture, car il ne s’est pas engagé. 


[2]FUMA Sudel « La mémoire du Nom ou « le nom, image de l’homme ». Op. Cit. p. 8


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