auda
étant l'ancien nom du Bengale, on
comprendra aisément que c'est de cette région,
aujourd'hui divisée entre l'état indien du Bengale
Occidental et le pays indépendant surtout musulman
qu'est le Bangladesh, qu'est originaire le style
gaudiya nritya ou gauriya nritya. Dans l'antique traité
du Nâtya-shastra, l'Inde était divisée en quatre
vrittris, quatre grandes zones géographiques
ayant chacune une "caractère" spécifique, se traduisant
notamment par une gestuelle particulière dans les arts
de la scène : pancala madhyama (nord et
nord-ouest), dakshinatya (sud), avanti
(ouest) et audra magadhi (est). La danse
gaudiya nritya appartient donc à cette dernière
tradition de l'est, mais elle sombra dans l'oubli pour
des siècles. Des sculptures anciennes, certaines
remontant au IVe siècle avant notre ère, témoignent de
l'existence de cet art en des temps fort reculés. Mais
il fallut attendre le XXe siècle, en particulier avec
l'action d'une artiste ayant joué un rôle déterminant :
Dr. Mahua Mukherjee,
pour que l'on puisse parler d'une véritable
résurrection... et une véritable reconnaissance puisque
le style gaudiya nritya fait désormais partie des danses
indiennes officiellement considérées comme classiques.
Le
style est présenté comme composite, avec quatre
principales composantes ou influences d'origines
littéraire, poétique, historique, musicale... On y
retrouve ainsi des éléments de la danse théâtrale chhau,
des influences du Râmâyana (avec notamment les
personnages de Lav et Kush, enfants jumeaux de Râma et
Sîtâ), des aspects dévotionnels tels que les chants de
type kirtan... Bien sûr tout un côté spirituel
est à prendre en compte, au-delà de la dimension
esthétique : comme pour d'autres styles, les danseuses
servantes des dieux, les devadâsis, ont apporté à la
pratique de la gaudiya nritya toute une dimension de
dévotion religieuse, liée en particulier à la mouvance
vishnouite.
Esthétiquement, il s'agit d'une danse réputée pour ses
mouvements doux, gracieux et sensuels, à la rencontre
des formes classiques les plus pures et des apports plus
folkloriques typiques de la région d'origine.
Ceci
dit, ce style est encore loin d'avoir en Inde et à
l'étranger la renommée des autres formes reconnues, mais
il y a fort à parier qu'il trouvera peu à peu sa place
tant il a d'atouts à faire valoir.