Mémoire

ma mémoire est fragile, elle ne retient que peu de choses, sans doute
l'essentiel, la naissance des enfants, la rupture des sens ou les
visages de la mort, elle est fragile et elle me permet de vite
oublier, trop vite, est-ce une grâce qui m'épargne la souffrance ou
une inconscience car je ne suis le dépositaire d'aucune sagesse, je ne
le sais, ma mémoire est fragile mais elle est emplie de toutes tes
instances, je me souviens de tout, de tes vêtements, la nuance des
couleurs, de tes paroles, les plus infimes, de ton rire, qui cingle
comme l'éclair, de tes ténèbres, quand tu sombres dans la réflexion ou
est-ce la tristesse, je ne le sais, je me souviens de tout et même des
inflexions de l'ombre sur ta peau et c'est comme regarder un film que
je vénère, dont je ne me lasse pas, je revois tout, les moindres
détails, avec une intensité qui se décuple au fil des mois, des années
sauf que je n'arrive pas au sens de ces images, il y a le sens
immédiat, accessible, qui me renvoie à ce que tu parais être puis le
sens profond, caché, je ne sais ce que tu es et, surtout, ce que je
suis pour toi et ainsi je vagabonde dans cette demeure fracturée,
multiplicité de l'être, ici, automate inscrit dans le rituel du
quotidien et là spectre qui observe la mémoire parfaite de ton corps,
se déploient ainsi, en moi, à un rythme insensé, toutes tes
métamorphoses, je te cherche, me cherche dans les dédales de ma
mémoire, revisite, constamment, tous tes lieux, comme un fou ou un
exilé qui s'acharne à la possession d'un mirage.


 

© Umar Timol - www.umartimol.netfirms.com
 


L'Éveil  -  Le temp touy lamour  -  Lettre à l'aimée
Je suis de la mort  -  Lettre à Maryam  -  Elle ne t'aime plus
C'est un amour  -  Texte (elle me donne envie de pleurer...)
Trace  -  Fragments  -  Texte (il se prosterne...)  -  Paradis
Présence  -  Aphorismes

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