IR : Selon vous, quels sont les grands auteurs et les grands ouvrages incontournables de la littérature tamoule, passée et présente ?

SM : C’est un sujet très vaste car la littérature tamij est très vaste, elle se situe à partir du IIe siècle av.J-C. jusqu’à l’époque contemporaine et elle n’a point de point final. En présentant l’histoire sommaire de la littérature tamij, je vais énumérer ses grandes œuvres littéraires incontournables.
   Si je divise en parties comme suit on peut distingue quatre périodes : la littérature de l’époque Sangam, la littérature du Moyen Âge (qui n’est pas l’époque médiévalede la littérature occidentale), la littérature de la prose des missionnaires et la littérature contemporaine.

   La littérature de l’époque Sangam et  la littérature du Moyen Âge sont en vers, suivant les règles de la prosodie définies par le TOLKAPPIAM, le livre le plus ancien de l’époque Sangam (IIème.s av.J-C) divisé en trois chapitres ou trois livres. C’est un livre de grammaire tamij. Les œuvres littéraires anciennes trouvées en manuscrits, gravées par des stylets sur des feuilles de palmier sont ultérieures à ce dernier. Ce qui montre qu’il y a eu des oeuvres antérieures à ce dernier. Ces ouvres ont eu des commentaires. L’un des livres  a été traduit en français par Jean-Luc CHEVILLARD, chercheur au CNRS, agrégé en Math. qui a été formé par moi en civilisation et culture tamijs : LE COMMENTAIRE DE CENAVARAIYAR SUR LE SOLLATIKARAM DU TOLKAPPPIYAM  (sur la métalangue grammaticale des maîtres commentateurs tamouls médiévaux).    

     I. Les œuvres littéraires Sangam qu’on a sont groupées et titrées comme suit  :

   1. pattuppāTTu
   2. eTTuttokai
   3. patiNenkiijkkanakku

   pattuppāTTu est une anthologie de dix longs poèmes de dix poètes groupés en six chapitres dont les thèmes sont variés : guider les artistes vers des princes généreux, les dévots vers le Dieu MurugaN, la plainte de l’amante qui attend son amant parti au loin… eTTuttokai  est édité en dix livres. Chacun est une anthologie de poèmes courts sur l’amour, sur les princes… par divers poètes.,Enfin, patiNenkījkkanakku est édité en dix livres dont chacun est l’œuvre d’un auteur. Ce groupe de livres, dont l’un est le TirukkuRaL, a une valeur éthique. L’auteur TiruvaLLuvar a sa statue colossale érigée au Cap Comorin, laquelle a échappé au Tsunami.

   A ces dernières, il faut ajouter Cilappatikāram (d'iLankōvaTikaL) et Manimēkalai (de CīttalaiccāttaNār), les premières oeuvres sur le féminisme. Ce sont des romans, presque des épopées. Elles ont été traduites par Alain DANIELOU et DESSIGANE PILLAI
   Et il faut noter que les noms des auteurs sont tels des pseudonymes :i LankōvaTikaL veut dire prince (iLankō) ascète (aTikaL), et CīttalaiccāttaNār, le marchand d’épices (cāttaNār) de Cīttalai. De même TiruvaLLuvar - Saint (tirou), VaLLouvar(une caste, dit-on)... Ces oeuvres ont été trouvées par des gens - dont le premier est U.V.CAMINÂTAAIYAR, surnommé TAMIJ–TÂTTÂ (le grand-père de la langue tamij) - dans des greniers de maison, en feuilles de palmes...

     II. Le Moyen Âge : Cette période est plus ancienne que celle du Moyen Âge occidental. Les dates ne sont pas précises. On pense que c’est peut-être le Ve ou VIe siècle car c’est  la poètesse sivaite Karaikkaāl Ammaiyār de cette période qui a chanté des poèmes  de dévotion (les poèmes sont chantés). Son oeuvre Tiruvantāti est traduite en français par Kâravêlane.
   Ces oeuvres sont toujours en poèmes classiques. Ce sont des poètes sivaites appelés nāyaNmār, et vishnouites appelés ājvār, qui ont composé des oeuvres colossales. TirouviLaiyāTarpurānam (les jeux de Dieu) et la biographie des soixante-trois nāyaNmār. Peu après arrivent les poètes sivaites qui furent nommés Cittar (ascètes magiciens) dont les recueils de poèmes sont d’un tamij plus folklorique, mais la forme est classique.
   L’hindouisme, le bouddhisme et le jainisme ont produit beaucoup d’œuvres religieuses. Et les jains acètes avaient le secret de plantes médicinales, qui a été enterré par le massacre de ces derniers.

     III. L’arrivée des missionnaires chrétiens : Pour la propagation de la religion, ils ont appris le tamij. Ils ont introduit la prose et  l’imprimerie. C’est le XVe siècle.
   ViramāmuNivar (Constantin Joseph Beschi) est à citer. Les contes du Parmārtta Gourou, humoristiques et satiriques, sont en prose et ont été traduits en plusieurs langues régionales. Les missionnaires ont été très nombreux et ils ont fait des dictionnaires, des études comparées qui sont notoires. Comme il y a eu des conversions, des écrivains et des poètes tamijs ont aussi contribué pour leur part.

     IV. La naissance des romans et les vers libres.

   Le premier roman est Piratāpa mudaliyār carittiram de vetanāyakampiLLai (1826 – 1889). Beaucoup de romans tamijs ont été influencés par les romans anglais car la plupart des gens qui ont écrit les romans étaient des bureaucrates qui ont appris l’anglais. Ainsi l’influence des romans anglais a été inévitable. Dans ma traduction du roman tamij de karaiyellām cenpakappuu de Sujatha (FLEURS CENBAGAMS SUR TOUTE LA RIVE ; traduction S.Madanacalliany), j’ai présenté les grandes lignes de l’histoire des romans tamijs.

   Ces auteurs ont eu un style mélangé d’expressions sanskrites car les instruits étaient les brahmanes  Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu de romanciers d’autres castes (la caste des PiLLai en particulier) : Pourtant, il y a des oeuvres dans ce style à citer

   VaTuvuur TURAICAAMI AIYANKÂR :1880 – 1942 : VAKKĪL ou TIKAMPARA CÂMIYÂR.
   Ti.Ti. CÂMI : le roman policier KARUNKUYIL KUNRATTUK KOLAI
   aRiñar ANN : 1909 – 1969 : un politicien, ancien  Ministre en chef de l’Etat de TAMIJ NAD qui a écrit des romans sur tous les travers des coutumes ; sur le féminisme : RANKÔN RÂTÂ. Ce roman a été traduit en français par Léonce CADELIX (sous le pseudonyme : L.GASCA)
   Kottamankalam CUPPU : 1910 – 1974 : poète, acteur, directeur, auteur de romans-feuilletons : TILLÂNÂ MÔKÂNÂMPÂL..
   CÂVI : 1916 : WASHINGTONIL TIRUMANAM (le mariage à Washington)…
   Il faut aussi citer les œuvres de feu Dr. Mu. VaratarācaNār dont les livres ont été prescrits comme œuvres littéraires aux programmes des examens : KarittunTu, des lettres…

   Le XXe siècle est le siècle des romans-feuilletons. De célèbres auteurs ont présenté leurs oeuvres. Des romans historiques ont été écrits  sur l’époque pallava et sur l’époque chola par feu Kalki. Feu SānTilyaN, VikramaN… sont à signaler. PutumaippittaN a écrit des nouvelles rappelant le style de Maupassant. Pour finir, DJEAKÂNTAN  a eu du Gouvernement central de l’Inde le Prix national GNÂNAPīTAM. Son roman cila nērankaLil cila maNitarkaL a été traduit en français.
   Pour les poèmes classiques, je retiendrai feu KannatācaN du XXe siècle .
   Les vers libres abondent mais on peut citer des noms : Mme MINATCHI, et  Vairamuttu…

   Beaucoup de noms et leurs œuvres sont ici laissés de côté car ils ne sont pas propagés par les traducteurs, quoique leurs écrits aient une réputation mondiale parmi les gens tamijs. Ce sont ces derniers qui doivent faire le nécessaire pour les offrir au monde car ils sont bilingues.


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