a
danse chhau, si elle n'est pas répertoriée comme danse
classique, n'en a pas moins été reconnue comme faisant
partie du patrimoine culturel mondial. Etymologiquement,
son nom trouverait son origine dans le mots sanskrit
chhaya, qui signifie "ombre" ou "image". La langue
oriya offre d'autres pistes, notamment le mot chhauka,
qui désigne la capacité à porter des attaques soudaines.
Et il est vari que - comme on peut le voir sur la
première vidéo ci-dessus - la danse chhau pourrait bien
être l'héritière d'une danse strictement martiale,
nommée phari khanda khela ("jouer et du sabre et du
bouclier"), et qui se pratiquait semble-t-il dans les
anciens camps militaires.
Il existe trois formes principales de chhau,
originaires de trois régions différentes : le Bengale
Occidental a donné naissance à la variante Purulia,
l'Orissa à celle que l'on nomme Mayubhanj (voir la vidéo
ci-dessous), et le Bihar à la forme Sareikela (ou
Seraikella). S'il est bien évidemment difficile de
donner une date même approximative à la naissance du
style chhau (on parle généralement du XVIIe siècle), il
semble avéré qu'un roi nommé Krishna Chandra Bhanj Deo,
qui régna sur l'actuel district de Mayurbhanj entre 1868
et 1882, joua un grand rôle dans le développement de cet
art, en tant que protecteur, ainsi que l'un de ses
homologues plus récents dans le district de Sareikela,
le
maharaja A. Pratap Singh Déo (décédé en 1969), et son
frère Bijoy, lui-même chorégraphe.
le Mahâbhârata et le Râmâyana,
mais aussi, quoique plus rarement, divers Puranas,
constituent à travers leurs multiples épisodes une
source quasi inépuisable d'inspiration, permettant de
mettre en exergue l'éternelle lutte du Bien et du Mal,
le premier finissant toujours part triompher.
Dans ses formes les plus théâtrales, la
danse chhau comporte l'usage de masque,
traditionnellement faits d'argile et de papier,
représentant diverses émotions, mais aussi permettant
d'interpréter des rôles d'animaux. Les costumes sont
très colorés et, comme dans d'autres styles théâtraux,
les couleurs sont bien évidemment porteuses de sens :
ainsi le noir est souvent le signe distinctif des
démons, mais aussi de la déesse Kâli. Le spectacle à
normalement lieu de nuit et en plein air, à l'occasion
des festivités du printemps, en l'honneur notamment du
Soleil ou du dieu Shiva. Un spectacle peut comporter des
passages en solo, en duo ou en groupe.
La musique est essentiellement à base de
percussions souvent très vigoureuses et de chant,
auxquels s'ajoutent fréquemment des instruments à vent.